mardi 29 décembre 2015

L’attention continue du pape pour les « martyrs d’aujourd’hui » | La-Croix.com - Actualité

L'attention continue du pape pour les « martyrs d'aujourd'hui » | La-Croix.com - Actualité

L'attention continue du pape pour les « martyrs d'aujourd'hui »
Le pape François n'a pas eu de geste destiné spécifiquement aux chrétiens d'Orient pour Noël, comme en 2014. Mais il n'a pas manqué de rappeler, plus largement, le sort de « nos frères, persécutés dans de nombreuses parties du monde à cause de la foi », comme au cours de son message pour la Nativité avant sa traditionnelle bénédiction urbi et orbi. « Ce sont nos martyrs d'aujourd'hui », a-t-il ajouté.
Une expression qu'il a reprise le 26 décembre à midi, avant l'angélus pour la fête de Saint-Etienne, premier martyr du christianisme. Le même jour, le Saint-Siège diffusait, aux 25 millions d'abonnés au compte twitter du pape, un message invitant à « (prier) pour les chrétiens qui sont persécutés, souvent avec le silence honteux de beaucoup ».
Prions pour les chrétiens qui sont persécutés, souvent avec le silence honteux de beaucoup.
— Pape François (@Pontifex_fr) 26 Décembre 2015

Les limites de la diplomatie dans le cas du terrorisme

Un silence dénoncé à maintes reprises par Jorge Bergoglio qui, dans son message de Noël, a de nouveau demandé « que l'attention de la communauté internationale soit unanimement dirigée à faire cesser les atrocités », se gardant d'expliciter de quelle manière.
Si elle promeut toujours le dialogue dans les conflits, la diplomatie vaticane en mesure les limites dans le cas du terrorisme.
 « On peut se demander comment il est possible de dialoguer avec qui n'est pas ouvert au dialogue et refuse même de reconnaître l'humanité de l'autre, ou encore comment il est possible de dialoguer en face de positions fondamentalistes », s'interrogeait le 14 décembre le « ministre des affaires étrangères » du pape, Mgr Paul Gallagher, lors d'une soirée-débat coorganisée par La Croix, au centre Saint-Louis de Rome. « Il est licite et urgent d'arrêter l'agression par l'action multilatérale et un usage proportionné de la force », déclarait-il.

Le pape insiste sur les bienfaits du pardon devant les persécutions

Sans reprendre son expression de « troisième guerre mondiale par morceaux », le pape François a rappelé, le 25 décembre, les lieux qui ont été touchés « par d'atroces actions terroristes » au cours de l'année 2015, énumérant les attentats en « Égypte, à Beyrouth, Paris, Bamako et Tunis ».
Décrivant les « effroyables souffrances » infligées aux populations d'Irak, de Syrie, du Yémen et d'Afrique subsaharienne, il a déploré que ce terrorisme touche aussi « le patrimoine historique et culturel de peuples entiers », à l'exemple des ruines détruites à Palmyre (Syrie).
Mais faire cesser les atrocités n'exclut pas le pardon dans un monde, dépeint dans son homélie la nuit de Noël, « trop souvent dur avec le pécheur et mou avec le péché ». Alors que les célébrations du temps de Noël se déroulent durant le jubilé de la miséricorde, le pape a aussi insisté sur les bienfaits du pardon devant les persécutions.
 > A lire : Barack Obama écrit aux « chrétiens persécutés à Noël » 
Il a ainsi rappelé comment saint Étienne, à l'exemple du Christ sur la croix, avait demandé à Dieu de ne pas compter les péchés de ceux qui le lapidaient et comment Saul – futur saint Paul –, qui cherchait à détruire l'Église chrétienne naissante, avait ainsi été pardonné par Étienne.
 « Nous pouvons dire que Paul est né de la grâce de Dieu et du pardon d'Étienne », a-t-il conclu. Ce besoin de pardonner pour avancer était encore au cœur de son homélie, dimanche 27 décembre, pour la fête de la Sainte Famille.


Jtk

dimanche 20 décembre 2015

Persécutions des chrétiens — Wikipédia

Persécutions des chrétiens — Wikipédia

Persécutions des chrétiens

La persécution des chrétiens est une notion qui recouvre une diversité d'évènements, de comportements et d'actions disparates en époques et en lieux qui ont en commun différents types d'exactions opérés à l'encontre de communautés chrétiennes avec « préméditation et persévération »[1].
Ainsi que le rappelle Marie-Françoise Baslez, en tout cas concernant l'Antiquité, « les formes prises par la persécution – répression, châtiments et supplices – ne peuvent se comprendre en dehors de la communauté ou de l'État qui la met en place, ni indépendamment d'un contexte socio-culturel »[2].

Historique

Période romaine

Article détaillé : Christianisme dans le monde romain.

Les deux premiers siècles


Saint Érasme flagellé en présence de l'empereur Dioclétien. Fresque byzantine, milieu du VIIIe siècle, musée national de Rome
D'un point de vue historique, on ne peut parler de persécution religieuse — au sens contemporain — à propos des chrétiens durant les deux premiers siècles de l'Empire, d'autant que l'époque de la séparation du judaïsme et du christianisme est mal définie[note 1]. En outre, les historiens actuels estiment le nombre de chrétiens en Occident insuffisant pour donner matière à des persécutions de masse[note 2]. L'historiographie des persécutions s'est longtemps fixée sur le discours historique d'Eusèbe de Césarée, considérant jusqu'à la fin du XXe siècle que les persécutions contre le christianisme ont commencé dès le premier siècle, alors qu'on ne peut parler véritablement de persécutions qu'à partir du milieu du IIIe siècle puis au début du IVe siècle, et « sans la perspective hagiographique de l'œuvre d'Eusèbe qui cherche à gonfler les chiffres et « falsifier » les événements »[3].
L'interdiction légale de la religion chrétienne chez les Romains date de la fin du Ier siècle[4] mais elle est tolérée[5] comme le confirme un rescrit de Trajan adressé en 112 à Pline le Jeune[6], gouverneur impérial de la province de Pont-Bythinie, texte qui ne mentionne pas l'origine de cette interdiction[7] : les chrétiens ne sont pas poursuivis de manière systématique[8] et lorsqu'ils le sont, c'est généralement pour des crimes de droit commun[9].
Sur un plan théologique, le polythéisme des Romains est relativement tolérant, même si l'autorité romaine importe ses dieux dans les pays conquis et se méfie des cultes orientaux à mystères importés à Rome par les soldats[note 3]. Les Romains sont d'ailleurs confrontés dans leur histoire à des sectes religieuses estimées dangereuses pour l'État, comme celle des adeptes d'Attis, interdite car ses fidèles s'émasculaient, celle des adeptes des mystères dionysiaques à Rome qui seront férocement persécutés à la suite du scandale des Bacchanales en -186 avant que le culte ne soit à nouveau autorisé par Jules César. On peut encore noter l'interdiction du culte d'Isis, également à la suite d'un scandale[note 4], rétabli après quelques décennies par Caligula.
La religio traditionnelle romaine est fondée sur de grands cultes publics et l'agrandissement du panthéon à chaque victoire signifie l'entrée dans l'empire et l'accueil de la culture des populations vaincues. Le Panthéon de Rome, reconstruit[note 5] par Hadrien dans l'optique probablement syncrétique bien qu'on ne connaisse pas l'usage précis du temple, est ainsi dédié à tous les dieux et on y trouve un autel dédié au dieu inconnu, relayant peut-être la tradition de l'Agnostos Theos hellénistique. L'idée de dieu unique défendue par les juifs s'inscrit dans un courant qui gagne progressivement la religion romaine, du moins dans les classes supérieures, à l'instar des cultes hénothéistes comme le Sol Invictus. D'après Tertullien, apologète chrétien du IIIe siècle, le judaïsme aurait obtenu le statut de religion licita[note 6] - licite - dans l'Empire romain, qui ne connaît pourtant pas de tels statuts particuliers[note 7], statut qui n'aurait pas été remis en cause après la destruction du second Temple en 70[10]. Les cultes non autorisés sont considérés comme superstitiones[note 8] dont le judaïsme ne semble pas faire partie.
Dans la société romaine, les chrétiens ne sont d'abord pas distingués des juifs ; le christianisme, considéré comme une « secte juive »[note 9] n'était donc pas incompatible avec la culture romaine. Les chrétiens disposent de plus d'un espace intermédiaire entre vivre sa foi clandestinement et l'exposer publiquement : la pratique familiale et domestique du culte dans le Domus ecclesiae est largement tolérée. Les chrétiens persécutés se réunissant en secret pour prier ainsi que célébrer l'Eucharistie dans les catacombes est un mythe développé par les Romantiques (François-René de Chateaubriand dans Les Martyrs)[11].
Néanmoins il existe des persécutions locales organisées contre les chrétiens dès le début du IIe siècle. Ainsi la lettre de Pline le Jeune de 112, qui parle de « superstition déraisonnable et sans mesure » [12] montre le mécanisme concret de condamnation pour le motif d'obstinatio, l'entêtement dans le refus d'obtempérer à l'ordre de sacrifier sans qu'on puisse identifier quoi que ce soit qui relève d'une persécution religieuse en soi[13]. À cette époque l'attitude de l'autorité romaine relève plutôt du « politique » et non du « doctrinal » : on réprime le refus public d'adhérer à la cité et à son culte car ce « scandale » entraîne des troubles locaux[14]. La question du fondement juridique de la cognitio ou de l' informatio contre les chrétiens est insoluble en l'état actuel des sources[15].

Le troisième siècle

Cette perception a changé lorsque les Romains ont pris conscience des critiques des chrétiens sur les traditions romaines (jeux du cirque, culte de l'empereur, hiérarchie entre les hommes). L'intensité de leur prosélytisme est souvent invoquée mais n'a jamais été démontrée entre 30 et 135[16]. À l'instar de religions orientales, ils critiquaient la société romaine et considéraient comme un devoir de la changer par la conversion. Mais l'essentiel de l'hostilité populaire tenait au fait que l'on faisait aux chrétiens le reproche d'amixia, le refus de se mêler à la vie publique en se tenant à l'écart de la vie municipale, étroitement liée alors à la dimension religieuse[17]. Celse leur reproche quant à lui des dérives telles que de viser à « miner l'ordre social et former un État dans l'État » ou de nuire « à la santé publique en détournant les adeptes des médecins attitrés au profit des promesses illusoires de guérison »[18].
La violence des supplices réservés aux chrétiens n'est que le reflet d'une société violente qui avait déjà vu les proscriptions, par exemple, démarche plus politique. Les chrétiens, à l'instar d'autres suppliciés de l'époque, sont livrés aux fauves, crucifiés, torturés en public. Néanmoins, on observe qu'une fois la persécution passée, les chrétiens sont de nouveau tolérés, à défaut d'être admis véritablement. On ne constate donc pas de volonté d'exterminer les chrétiens en tant que tels.
Il faut par exemple inscrire la persécution de Dèce, vers 250 dans un contexte de crise générale de l'Empire romain : le refus des chrétiens de participer au sacrifice général aux dieux « pour le salut et la conservation » de l'empereur, exigé de tous les citoyens est perçu comme une déloyauté politique[13]. Il faut noter là que cette persécution, consécutive à l'assassinat de Philippe l'Arabe, ne semble s'être cantonnée qu'à peu d'individus, essentiellement le personnel politique et courtisan du prédécesseur de Dèce. Le nombre de victimes fut probablement assez limité puisque dès 251, quelques mois après la fin de cette persécution les communautés chrétiennes de Rome et de Carthage sont plus florissantes que jamais. Les persécutions sont en effet très variables selon le zèle des gouverneurs, de plus certains évêques sont avertis de se retirer à la campagne avant la descente de police tandis que des chrétiens obtiennent des certificats de complaisance de la part de fonctionnaires soudoyés attestant qu'ils ont sacrifié aux dieux romains[19]. La persécution de Valérien entre 257 et 258 vise essentiellement les couches supérieures et le clergé et aucunement les simples fidèles. La persécution de Dioclétien, à partir de 303 est le mouvement de répression le plus vaste, curieusement perpétré à une époque où les chrétiens sont parfaitement intégrés, jusqu'aux postes d'officiers dans l'armée[note 10]. Il a probablement un fondement plus directement politico-religieux, le christianisme contrariant alors la promotion du culte solaire comme religion nationale[note 11] et la sacralisation du pouvoir politique[note 12].
En 313, le christianisme est finalement adopté comme religion personnelle par l'empereur Constantin Ier bien que son empire ne comptât alors que très peu de chrétiens[note 13]. Dès lors, le christianisme ne cessera de se développer dans l'Empire jusqu'à en devenir l'unique religion officielle sous Théodose Ier, les religions païennes seront définitivement interdites par ce dernier en 392 et leurs sectateurs à leur tour persécutés[note 14] par la nouvelle religion dominante.
Les persécutions n'ont pas affaibli le christianisme sur le long terme mais ont plutôt fortifié les communautés chrétiennes, ce qui fait dire à l'apologète Tertullien : « le sang des martyrs est la semence des chrétiens».

Histoire canonique

L'histoire canonique, comme l'exégèse canonique, s'exerce dans le cadre de la doctrine des Églises. Pour le christianisme, nombre d'auteurs appartenant à la littérature patristique ont tenté d'écrire des histoires ecclésiastiques[note 15] dans lesquelles le martyre joue un rôle apologétique, celui de sanctifier l'Église[note 16] par le sang des martyrs. En effet, la valorisation du martyre appartient au corpus doctrinal tant du catholicisme romain que des églises évangélicalistes[note 17].
L'historiographie chrétienne – et donc la très grande majorité des sources[20] –, qui s'est développée en même temps que le culte des martyrs, a présenté ces persécutions comme une « politique d'intolérance religieuse, cohérente et systématique », avec une succession chronologique d'oppositions entre « mauvais empereurs » – alternant avec de « bons empereurs » – et martyrs exemplaires, présentation encore courante au début du XXIe siècle[21]. Ainsi, l'histoire canonique envisage, elle, dix vagues de persécutions durant l'Empire romain :

Persécution de chrétiens par les chrétiens

À mesure que les communautés chrétiennes s'organisent et que les dogmes se formalisent, des Églises majoritaires vont émerger et requérir le monopole de leur christianisme, s'interrogeant sur ce qui est véritablement chrétien et ce qui ne l'est pas. Elles s'affirmeront d'autant plus orthodoxes qu'elles seront plus proches des pouvoirs[22]. De là, elles justifieront des actions de persécution par la nécessité de combattre des schismes, devenus hérésies au dogme, et de maintenir l'Église Une[23].

Christianisme ancien

Dans le christianisme ancien, la tolérance est la règle jusqu'en 341, quoique Constantin, au cours de son règne, ait interdit les sacrifices nocturnes aux païens pour cause de tapage nocturne puis omis la célébration de tous les jeux en liaison avec les grandes célébrations païennes. Il interdit aussi les pratiques de sorcellerie et de magie, puis les rites d'haruspice privé, bref tout ce qui relève de la superstitio plus que de la religion.

Lapsi

Le phénomène commence dès la fin de chaque vague de persécutions, la plus évidente après la persécution de Dioclétien, avec le phénomène des lapsi. Dans les zones géographiques où les chrétiens sont alors organisés et à la suite de ces persécutions s'est posé le problème de la réintégration de ceux qui avaient cédé aux persécuteurs et avaient abjuré, les lapsi. La majorité des dirigeants chrétiens souhaitaient la réintégration, en particulier des clercs tandis que d'autres refusèrent cette réintégration et constituèrent alors des Églises[note 18] séparées, sous la conduite de Novatien après la persécution de Dèce, et sous la conduite de Donat[24] ou encore de Mélèce[25] après celle de Dioclétien, dans des schismes qui perdureront, pour les deux premiers, jusqu'au VIIe siècle. La dispersion géographique de ces phénomènes souligne la réalité clairsemée du christianisme du IIIe siècle : Donat dans la province de Carthage, Mélèce dans celle d'Égypte, Novatien pour la ville de Rome[note 19]

Ariens

Le phénomène s'amplifie avec la dogmatisation à partir de Nicée (325).
  • Constance, arien, persécute les nicéens et envoie leurs évêques en exil ;
  • son successeur Julien rend à chacun la liberté de pratiquer le culte de son choix, y compris païen, dans un édit de Tolérance de 361.
  • la persécution des ariens débute avec l'empereur suivant (Jovien) et persiste jusqu'à la conversion du roi Wisigoth Récarède Ier, au VIe siècle.
  • Réciproquement, les Vandales, ariens, persécutent les trinitaires pendant la courte période de leur domination en Afrique du Nord.

Gnostiques

Édit de persécution de Théodose II en 388 à l'instigation d'Ambroise de Milan contre les valentiniens et les juifs.

Christianisme médiéval et moderne


Jean Hus sur le bûcher.

Cathares (ou albigeois)

Inquisition

  • Les nouveaux chrétiens espagnols et la limpieza de sangre
  • Le Jansénisme
  • Le quiétisme

Guerres de religions

  • Hussites et préréformés
  • Contre les protestantismes
  • Luthériens contre réforme radicale
  • Calvinisme contre unitariens
  • Guerres camisardes

Persécution des huguenots

Pour l'historien Patrick Cabanel, les traces de la persécution dont ils ont été victimes en France sont encore constitutives de l'identité même des huguenots : « le huguenot est le protestant par l'origine, le passé (de persécution), la formation intellectuelle, voire psychologique (le fait minoritaire) »[26]. Ce poids de l'histoire est particulier au protestantisme français en Europe, victime de persécutions « déchaînée[s] contre lui par l'un des plus puissants États du temps »[27], qui n'a connu d'équivalent en Europe qu'à l'encontre des Covenanters écossais, ou, au XXe siècle, contre les baptistes dans l'URSS stalinienne »[28].
La situation a été également mouvementée dans l'Angleterre du XVIe siècle où de nombreuses variantes de la chrétienté - du protestantisme rigoriste au catholicisme militant - ont tour à tour marqué le paysage religieux[29]. La royauté y est alors en quête d'une uniformité qui, paradoxalement, amène à des choix politico-religieux contrastés dont résulte une persécution systématique et draconienne des opposants religieux du moment, légitimée par la raison d'État. Ainsi, les victimes du jour sont bien souvent les bourreaux du lendemain[30].
En France, les huguenots ont connu durant près d'un siècle de vives persécutions[note 20]. La mise en place s'est faite tout d'abord par les dragonnades dans les années 1680[note 21]. Puis l'influence de l'Église catholique a été telle que l'État, dirigé par Louis XIV, a officialisé la persécution par la révocation de l'Édit de Nantes en 1685. Dès lors, la répression fut d'autant plus sévère. Torturés, emprisonnés, mis au ban de la société[note 22], de nombreux huguenots ont été obligés de fuir (on compte plus de 200 000 exilés) dans des terres étrangères plus hospitalières[note 23](selon le principe cujus regio, ejus religio[note 24]). Ces pays (Angleterre, Hollande, Suisse, États protestants du Saint-Empire romain germanique (Palatinat, Brandebourg, Wurtemberg, Hesse, par exemple), plus tard États-Unis, Afrique du Sud, etc., sont appelés pays du « Refuge ». La France a perdu nombres de ses meilleurs ouvriers et industriels. Pourtant, la persécution continua (Guerre des Cévennes). La liberté de religion ne fut rétablie tout d'abord qu'en 1787, avec l'édit de tolérance de Louis XVI, puis en 1789, par la Révolution française, marquant ainsi l'arrêt de la persécution des huguenots[note 25]. La publication des « articles organiques » par Napoléon Bonaparte en 1801 confirme la liberté de religion : le catholicisme ne sera plus religion d'État mais est reconnue comme celle « de la majorité des Français ».

Christianisme oriental

Les persécutions des Vieux croyants par la Russie impériale après Pierre le Grand ne cessent qu'à la fin du XIXe siècle, mais le service militaire obligatoire en fait fuir un grand nombre en Amérique, où des communautés subsistent toujours. La majorité de leurs membres s'est réunie récemment au patriarcat de Moscou, mettant fin au schisme, tout en gardant leur hiérarchie propre.

Persécutions contemporaines

Outils d'analyse

Il existe un Observatoire de l'Église en détresse, soutenu par l'organisation catholique Aide à l'Église en détresse (AED)[31] qui fournit une base documentaire sur la situation de l'Église catholique et les endroits où elle est en difficulté, persécutée ou menacée. L'ONG Portes Ouvertes, chrétienne évangélique, dresse une étude annuelle sur la persécution des chrétiens, intitulée Index Mondial de Persécution.
Le Pew Research Center publie également des informations sur la persécution religieuse, mais sans faire de distinction entre les diverses religions. Leur étude présente l'intérêt de distinguer la persécution « officielle », orchestrée par l'État, de l'hostilité populaire dans chaque pays[32].

Situation en 2014

En 2014, parfois à l'instar d'autres religions, des Églises chrétiennes sont persécutées à des degrés divers dans plusieurs pays[33] comme la Somalie, le Nigéria, la Syrie, l'Égypte, l'Irak, l'Iran, le Turkménistan, l'Ouzbékistan[34], le Pakistan, l'Inde, la Corée du Nord, le Laos, le Viêt Nam...
Toujours en 2014, les auteurs du Livre noir de la condition des chrétiens dans le monde[35] estiment entre 100 et 150 millions le nombre de chrétiens qui subissent des atteintes à leur religion dans les termes de l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme[36]. Selon l'Index mondial de persécution 2014 publié par Portes Ouvertes, 2 123 chrétiens sont morts persécutés en 2013[37]. Pour 2014, l'ONG recense au moins 4 344 chrétiens assassinés à travers le monde pour leur foi ainsi que 1 062 lieux de cultes visés[38].
En outre, la Somalie et l'Irak rejoignent la Corée du Nord - où des milliers de chrétiens sont morts ou forcés au travail dans des camps depuis 1953 - dans la liste des pays où il est interdit de simplement prier et même de croire[38]. Si les chrétiens ne sont pas les seuls discriminés, ils sont les plus touchés dans les atteintes à la liberté de croire dans la mesure où ces atteintes se déroulent dans 110 pays sur 198 étudiés par le Pew Research Center en 2014, souvent victime de fanatisme religieux notamment islamique tel qu'il est à l'œuvre au Moyen-Orient avec l'organisation État Islamique ou Boko Haram au Nigéria mais aussi, dans une moindre mesure, en Inde où le parti politique nationaliste Bharatiya Janata Party prône un hindouisme identitaire. A ce tableau s'ajoutent les persécutions et rackets organisés par les groupes mafieux ou armés en Amérique latine - particulièrement au Mexique et en Colombie - où les Chrétiens sont souvent en proue de la lutte contre le crime organisé et la corruption. Enfin, le nombre de Chrétiens chassés de chez eux atteint des sommets en 2015 avec 700 000 chrétiens de Syrie - soit 40% d'entre eux - et 130 000 d'Irak ayant quitté leur pays d'origine[38].
Article connexe : Persécution des Coptes.

Articles connexes

Notes

  1. Les historiens et biblistes européens contemporains envisagent la date de 135, correspondant à la révolte de Bar Kokhba, qui coïnciderait avec la Birkhat ha Minim (cf. Étienne Trocmé, L'Enfance du christianisme, éd. Noesis, 1997), tandis que l'école anglo-saxonne considère que le christianisme n'existe que depuis la période des conciles christologiques du IVe siècle (cf. AA. VV., The Ways That Never Parted: Jews and Christians in Late Antiquity and the Early Middle Ages, éd. Fortress Press, 2007). Simon Claude Mimouni évoque plutôt une « distinction », davantage qu'une « séparation », « entre le christianisme et les autres formes de judaïsme » dans un conflit qui a été essentiellement « interjudéen » « du moins jusqu'au IIe siècle, voire jusqu'au IVe siècle dans certains cas » (cf. Simon Claude Mimouni, « Christianisme, judaïsme et rabbinisme », Le Monde de la Bible, no 202,‎ , p. 21). Pour un état de la question en 2012, voir « Juifs et chrétiens, de l'identité à la séparation », Le Monde de la Bible, no 202,‎ (ISSN 0006-0712, lire en ligne).
  2. « La présentation traditionnelle des origines chrétiennes repose sur un réseau de présupposés établis au quatrième siècle. Promus en lieux communs, ils ne sont pas l'objet d'enquête », écrit Roland Tournaire dans Genèse de l'Occident chrétien, Paris, L'Harmattan, 2001
  3. Ces cultes favorisent la constitution de groupes identitaires
  4. Notamment rapporté par Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII, III, 65-80 en ligne, cf. Françoise Dunand, Le Culte D'Isis dans le bassin oriental de la Méditerranée, éd. Brill, 1973, p. 193, ouvrage en ligne
  5. Un premier temple, datant de la fin du Ier siècle av. J.-C. avait brûlé en 110
  6. Par opposition à la superstitio
  7. Le document que Tertullien attribue à César n'a jamais été retrouvé et on ne connaît aucune autre charte de ce type; cf. Tessa Rajak, Was There a Roman Charter for the Jews?, in The Jewish Dialogue with Greece and Rome: Studies in Cultural and Social Interaction, 2001, p. 301 article en ligne
  8. C'est encore Tertullien qui appliquera le terme de religio – désignant la religion traditionnelle romaine – au christianisme, taxant de superstitio le culte des dieux de l'empire; cf François Blanchetière, Les premiers chrétiens étaient-ils missionnaires ? , éd Cerf, 2004
  9. Le Talmud en compte 70.
  10. R. E. Rubenstein, op.cit., indique qu'après une bataille perdue, l'empereur et son entourage déclarèrent que, lors des prières d'avant la bataille, les chrétiens ne s'étaient pas associés
  11. Par l'empereur Aurélien en 274
  12. Dioclétien avait pris le nom de Jovien, donnant à son collègue Maximien celui d'Herculien : les empereurs étaient officiellement les fils de Jupiter et d'Hercule. Yves Modéran, La Conversion de Constantin et la christianisation de l'Empire romain, conférence pour la Régionale de l'APHG en juin 2001, texte en ligne
  13. Les chercheurs actuels comptent environ 5 % de chrétiens dans l'Empire, avec de fortes disparités régionales, cf. Yves Modéran, La Conversion de Constantin et la christianisation de l'Empire romain, conférence pour la Régionale de l'APHG en juin 2001, texte en ligne
  14. En 435, Théodose II et Valentinien III publient un édit ordonnant la destruction des temples « s'il en reste encore d'intacts, afin qu'aucun de nos sujets n'ait la licence d'y célébrer des sacrifices » ainsi que de « supplicier par l'épée » les derniers païens « bien qu'aucun ne soit censé subsister », cf. Benjamin Gras, La Persécution des païens dans l'Empire romain et l'Europe du Moyen Âge, éd. Écrivains, 2005.
  15. La plus célèbre est celle d'Eusèbe de Césarée
  16. Entendue comme l'ensemble des chrétiens de la période concernée plutôt que l'institution catholique romaine
  17. Le terme évangélicaliste distingue les Églises dont l'origine est le Second Grand Réveil (Second Great Awakening) américain, des Églises évangéliques européennes, dont la tradition remonte elle à la Réforme; cf. André Gounelle, Après la mort de Dieu, éd. L'Âge d'Homme, 1990
  18. De ces débat naît l'idée qu'un sacrement comme le baptême même conféré par un clerc lapsus est valide
  19. Novatien est pour cela abusivement considéré comme antipape face à Fabien, ce qui est peu probable d'un point de vue historien. À cette époque, la ville de Rome ne connaissait pas d'épiscopat monarchique, au contraire des grandes villes d'Orient. Cf. Yves-Marie Hilaire et alii, Histoire de la papauté. 2000 ans de missions et de tribulations, éd. Seuil, coll. Points/Histoire, 2003.
  20. Voir Guerres de religions, Guerre des Gueux
  21. Voir révocation de l'édit de Nantes et édit de Fontainebleau
  22. Voir Camisard
  23. Voir Pays du Refuge et Oscar LaFontaine
  24. Voir Paix d'Augsbourg
  25. Cet arrêt ne fut pas définitif comme le montre la Haine oubliée de Valentine Zuber et Jean Baubérot, qui montre une reprise de la persécution sous la Restauration

Références

  1. à l'instar des autres persécutions, cf. Georges Torris, article Persécution in Encyclopaedia Universalis, édition 2010, extrait en ligne
  2. Marie-Françoise Baslez, Les persécutions dans l'Antiquité. Victimes, héros, martyrs, éd. Fayard, 2007, p. 6
  3. Jean-Daniel Dubois, « Roland Tournaire, Genèse de l'Occident chrétien », in Archives de sciences sociales des religions article en ligne
  4. Marie-Françoise Baslez, Les persécutions dans l'Antiquité. Victimes, héros, martyrs, éd. Fayard, 2007, p. 264
  5. Marie-Françoise Baslez, Les persécutions dans l'Antiquité. Victimes, héros, martyrs, éd. Fayard, 2007, p. 83
  6. cité dans Pline, Lettres, 10,97
  7. Marie-Françoise Baslez, Les persécutions dans l'Antiquité. Victimes, héros, martyrs, éd. Fayard, 2007, p. 264, 293
  8. Ainsi, c'est parce que Pline ne sait que faire qu'il s'adresse à l'empereur ; cf. Daniel Boyarin, Dying for God : Martyrdom and the Making of. Christianity and Judaism, éd. Stanford University Press, 1999, p. 28, 155
  9. voir Adalberto Giovannini, « L'interdit contre les chrétiens : raison d'État ou mesure de police ? », in Cahier du Centre Gustave Glotz 7, 1996, p. 117-119, cité par M.-F. Baslez, op. cit. 2007, p. 293
  10. L'Empire romain et le christianisme, Claude Lepelley, 1969
  11. Marie-Françoise Baslez, « Vivre en clandestinité », émission La Fabrique de l'histoire sur France Culture, 27 septembre 2012
  12. Correspondance de Pline le Jeune et de Trajan sur les chrétiens de Bithynie - Cité dans L'Empire romain et le christianisme, Claude Lepelley, Questions d'histoire/Flammarion page 29 et 90 Pline le Jeune, Lettres, tome X, 97-98
  13. a et b Sylvie Honigman, Les Conditions de diffusion du christianisme dans l'Empire romain, université de Caen, conférence pour l'APHG Basse-Normandie, juillet 1996, résumé en ligne
  14. François Jacques et John Scheid Rome et l'intégration de l'empire, I, p. 127
  15. cf. Xavier Levieils, Contra Christianos: la critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée (45-325), éd. Walter de Gruyter, 2007, p. 496
  16. François Blanchetière, Les premiers chrétiens étaient-ils missionnaires ? , éd. Cerf, 2002
  17. Sylvie Honigman, op. cit.
  18. Cité par Nathalie Luca, Les Sectes, Que sais-je ?, page 14
  19. Lucien J. Heldé, La Persécution de Dèce, sur le site Empereurs romains, article en ligne
  20. Maraval 1992, p. 6
  21. Baslez 2007, p. 5-6, Baslez 2007, p. 264
  22. Sous la direction d'Alain Dierkens, Sectes et hérésies de l'Antiquité à nos jours, Problèmes d'histoire des religions, publications de l'ULB
  23. Sous la direction de Alain Dierkens, La mystique du Un, Problèmes d'histoire des religions, publications de l'ULB mais aussi Peter L. Berger, L'Impératif hérétique, Van Dieren
  24. Yves Modéran, La Conversion de Constantin et la christianisation de l'Empire romain, conférence pour la Régionale de l'APHG en juin 2001, texte en ligne
  25. Richard E. Rubenstein, Le Jour où Jésus devint Dieu, éd. La découverte, 2000
  26. Patrick Cabanel, Les mots de la religion dans l'Europe contemporaine, Presses Univiversitaires du Mirail,‎ , p. 52
  27. Patrick Cabanel, Les protestants et la République, Complexe, coll. « Les Dieux dans la Cité »,‎ , p. 27
  28. Patrick Cabanel, Les protestants et la République, Complexe, coll. « Les Dieux dans la Cité »,‎ , p. 23-24
  29. voir à ce sujet (en) Sarah Covington, The Trail of Martyrdom : Persecution and Resistance in Sixteenth-Century England, University of Notre-Dame Press,‎
  30. Willem Frijhoff, « Sarah Covington, The trail of martyrdom. Persecution and resistance in sixteenth-century England », Archives de sciences sociales des religions, no 128,‎ , p. 132
  31. Site de l'AED en français
  32. (en) Pew Research Center, « Rising Tide of Restrictions on Religion », sur http://www.pewforum.org/, Pew Research Center,‎ (consulté le 29 septembre 2012).
  33. Détails sur le site d'Amnesty International
  34. Dans ces deux états, si la répression est systématisée sur plusieurs confessions chrétiennes, essentiellement protestantes, elle relève d'une attitude vis-à-vis des religions en général dans le cadre d'un durcissement autoritaire qui n'épargne pas l'Islam. cf. Sébastien Peyrouse, Le christianisme en Asie centrale. Miroir des évolutions politiques, in Le Courrier des Pays de l'Est, no 1045, mai 2004, p. 51-61, résumé en ligne
  35. voir bibliographie
  36. « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites ».
  37. « Plus de 2000 chrétiens sont morts persécutés en 2013 », sur Le Figaro,‎
  38. a, b et c Laurence Desjoyaux, « Les chrétiens victimes de persécution », dans L'Atlas des religions, Le Monde et La Vie,‎ , p. 96-97

Bibliographie

Historiens

Ouvrages

Articles

  • (en) Paula Frederiksen, « Christians in the Roman Empire in the First Three Centuries CE », dans David S. Potter (ed.), A Companion to the Roman Empire, Blackwell Publishing,‎ (ISBN 978-0-631-22644-4), p. 587-606

Essayistes

  • (fr) Alexandre Del Valle, Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? : la nouvelle christianophobie, Paris, Maxima,‎ , 1e éd. (1re éd. 2011), 359 p. (ISBN 978-2-840-01694-6)
  • (fr) Raphaël Delpard, La persécution des chrétiens aujourd'hui dans le monde, Neuilly-Sur-Seine, Michel Lafon,‎ (1re éd. 2009), 347 p. (ISBN 978-2-749-90987-5)
  • (fr) René Guitton, Ces chrétiens qu'on assassine, Paris, Flammarion,‎ (1re éd. 2009), 333 p. (ISBN 978-2-081-22169-7)

Ouvrages anciens

  • (fr) Paul Allard, Le christianisme et l'empire Romain, de Néron à Théodose, Paris, Lecoffre,‎ , 2e éd., 330 p. (lire en ligne)
  • (fr) Polydore Hochart, Études au sujet de la persécution des chrétiens sous Néron, Paris, E. Leroux,‎ , 1e éd. (1re éd. 1885), 320 p.
  • (fr) Alfred Gabrié, Néron ou La persécution chrétienne sous les Césars : étude antique, Anvers, Félicien Baggerman,‎ , 1e éd. (1re éd. 1872), 16 p.
  • (fr) Cyrille Jean Destombes, La persécution religieuse en Angleterre sous le règne d'Élisabeth, Paris, Lecoffre,‎ (1re éd. 1863), 483 p.
  • (fr) Cyrille Jean Destombes, La persécution religieuse en Angleterre sous les successeurs d'Élisabeth ; Jacques Ier, Charles Ier, Cromwell et Charles II, Paris, Lecoffre,‎ (1re éd. 1863), 540 p. (lire en ligne)

Liens externes



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