mardi 28 février 2017

Le P. Titus Zeman, futur bienheureux, martyr du communisme - La Croix

Le P. Titus Zeman, futur bienheureux, martyr du communisme - La Croix


La Croix 27/2/2017
Le P. Titus Zeman, futur bienheureux, martyr du communisme

Le pape François a reçu en audience, lundi 27 février, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation des causes des saints, l'autorisant à publier un décret reconnaissant le martyre du P. Titus Zeman (1915-1969), un salésien de Don Bosco slovaque, mort en 1969 des suites de ses années de prison.

La reconnaissance de son martyre va permettre la prochaine béatification du P. Zeman, courant 2017, à Bratislava (Slovaquie).

Au cours de la même audience, le pape a autorisé la Congrégation à publier des décrets reconnaissant les vertus héroïques de sept serviteurs de Dieu :

Mgr Octavio Ortiz Arrieta (1878-1958), salésien de Don Bosco, évêque de Chachapoyas (Pérou) qui refusa l'archevêché de Lima pour continuer à se consacrer à son diocèse de la Cordillères des Andes ;

le P. Antonio Provolo (1801-1842), prêtre du diocèse de Vérone (Italie), fondateur de la Société de Marie pour l'éducation des sourds-muets et de la Congrégation de Marie pour l'éducation des sourds-muets ;

– le P. Antonio Repiso Martínez de Orbe (1856-1929), jésuite mexicain, fondateur de la Congrégation des sœurs du Divin Pasteur ;

Mère María de las Mercedes Cabezas Terrero (1911-1993), religieuse espagnole, fondatrice de l'Institut religieux des Œuvres missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus ;

Sœur Lucia dell'Immacolata (1909-1954), religieuse italienne de la Congrégation des Ancelles de la Charité

Pedro Herrero Rubio (1904-1978), laïc espagnol, médecin auprès des enfants pauvres ;

Vittorio Trancanelli (1944-1998), laïc italien, médecin et père de famille.
La reconnaissance des vertus héroïques est la première étape vers la béatification : les nouveaux vénérables pourront être béatifiés après la reconnaissance d'un miracle obtenu par leur intercession.

lundi 27 février 2017

Pour les Coptes chassés par Daech, « il n’y a plus de vie possible dans le Nord-Sinaï » - La Croix

Pour les Coptes chassés par Daech, « il n'y a plus de vie possible dans le Nord-Sinaï » - La Croix
27/2/2017/
Pour les Coptes chassés par Daech, « il n'y a plus de vie possible dans le Nord-Sinaï »

La voiture a conduit le vieil homme à l'église évangélique du pasteur Nabil Shukrallah. Lorsqu'il en sort, les bras lui en tombent. Littéralement. Mains ballantes le long du corps, dos voûté, air ébahi.

Alors que des bénévoles s'affairent déjà à décharger le toit de l'auto, l'homme en costume noir semble désorienté. Ce matin encore, il était avec sa femme, dans leur maison d'el-Arish, la capitale du gouvernorat du Sinaï-Nord, située 200 kilomètres plus à l'est. Il a abandonné ses habitudes et son mobilier. Quelques heures sur la route ont suffi, le voilà désormais déplacé.

Vague de solidarité chez les chrétiens et les musulmans

Rapidement, plusieurs hommes très costauds viennent soutenir la brindille qui flanche, et l'emmènent à l'abri des regards. Sa petite femme, toute de noir vêtue, marche dans leurs pas.

Depuis la veille, la scène se répète. Une centaine de familles – soit la quasi-totalité des chrétiens vivant à el-Arish – se déversent devant les différentes paroisses d'Ismaïliya, à la recherche de secours.

Heidi, bénévole de l'église évangélique, casquette vissée sur la tête, récolte des biens de première nécessité, déposés par les gens du coin. « Dis-moi combien ! Fromage ? » – « 6 », lui répond un jeune homme, affairé à trier des sachets tout juste déposés, « thon ? 4 – Café ? 2 ».

L'arrivée des chrétiens d'el-Arish a provoqué une vague de solidarité : chrétiens et musulmans sont venus donner des couvertures, des couches pour bébé, des médicaments et de la nourriture. Certains préparent aussi du thé, d'autres viennent simplement s'enquérir du moral.

« Deux hommes ont frappé violemment à la porte »

Malgré une ambiance bienveillante, la tension est palpable. Environs 300 personnes sont arrivées pendant ce week-end des 25 et 26 février. Si elles ont eu le temps de fuir, elles ont aussi eu celui de vivre l'horreur.

Nabila Fawzi, les yeux cernés de khôl et les épaules emmitouflées dans un chandail noir en laine malgré le temps printanier, accepte de raconter son histoire. Quatre jours auparavant, son mari et son fils ont été assassinés par des membres de Daech.

« Il faisait nuit, il devait être 22 h 30. Deux hommes ont frappé violemment à la porte, ils sont entrés dans la maison et m'ont demandé si nous étions chrétiens. J'ai dit oui. Ils sont allés chercher mon mari et lui ont mis une balle dans la tête. Ils ont ensuite pris mon fils et l'ont brûlé vif », assure la vieille dame.

« Ils m'ont demandé si j'avais de l'argent, ont pris tous mes bijoux puis ils ont mis le feu à la maison. » Ses mains brunes, dont l'annulaire est cerclé de blanc, témoignent d'une alliance qui a disparu.

« On a tout perdu, notre maison, nos emplois… »

À ses côtés, son neveu fait défiler sur son téléphone portable, des photos des deux corps martyrisés. « Ils avaient une liste avec une quarantaine de noms », assure-t-il. « Les noms des chrétiens. Ils nous cherchent, nous trouvent et nous tuent. »

La nuit suivante, leur voisin a été décapité sur le toit de sa maison devant sa femme et ses deux filles. « Il n'y a plus de vie possible dans le Nord-Sinai », assure Mariam Fayez qui a fui, elle aussi, avec sa famille. « On est tellement soulagé d'être arrivés ici. On a tout perdu, notre maison, nos emplois, mais nous n'étions plus en sécurité là-bas. Si nous restions, nos maris et nos fils auraient été tués. »

En l'espace de deux semaines, sept chrétiens ont été exécutés par Daech. L'organisation avait récemment promis dans une vidéo qu'elle renforcerait ses attaques contre « les infidèles d'Égypte ».

A lire : En Egypte, plusieurs dizaines de familles coptes fuient le Sinaï

« Les martyrs, une fois de plus, nous indiquent la voie »

Le 27 janvier 2017, salle Clémentine au Vatican, le pape François a reçu en audience les membres de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales. Une organisation créée en 2003 et qui tenait à Rome sa 14esession consacrée aux aspects historiques, théologiques et ecclésiologiques de l’Eucharistie. « En vous encourageant à poursuivre (dans leurs travaux, ndlr), a souligné le pape François dans son discours, je nourris l’espérance que votre œuvre pourra indiquer des voies précieuses à notre parcours, en facilitant le chemin vers ce jour tant attendu où nous aurons la grâce de célébrer le sacrifice du Seigneur au même autel (…) » Alors que nombre d’Églises orthodoxes orientales vivent dans la souffrance – et « assistent quotidiennement à la violence qui fait rage et à des actes terribles, perpétrés par l’extrémisme fondamentaliste » –, le pape leur a témoigné de son soutien en soulignant : « vos souffrances sont nos souffrances ». « Les martyrs, une fois de plus, nous indiquent la voie », a-t-il poursuivi. Et, de même que dans l’Église primitive, « le sang des martyrs fut semence de nouveaux chrétiens », aujourd’hui aussi, a-t-il expliqué, que « le sang de nombreux martyrs soit semence d’unité parmi les croyants, signe et instrument d’un avenir dans la communion et la paix ».
Chers frères dans le Christ,
En vous souhaitant une joyeuse bienvenue, je vous remercie pour votre présence, ainsi que pour les aimables paroles que le métropolite Bishoy m’a adressées en votre nom à tous. Je remercie aussi pour cette belle icône, si significative, du sang du Christ, qui nous révèle la rédemption à partir du sein de la Vierge. Elle est très belle ! À travers vous, j’adresse un salut cordial aux chefs des Églises orthodoxes orientales, mes vénérés frères.
Je porte un regard reconnaissant sur le travail de votre Commission, fondée en 2003 et parvenue à sa quatorzième rencontre. L’année dernière, vous avez lancé un approfondissement sur la nature des sacrements, en particulier du baptême. C’est précisément dans le baptême que nous avons redécouvert le fondement de la communion entre les chrétiens ; nous, catholiques et orthodoxes orientaux, pouvons redire ce qu’affirmait l’apôtre Paul : « C’est dans un unique Esprit, que nous tous, nous avons été baptisés » et nous appartenons à « un seul corps » (1 Co 12, 13). Au cours de cette semaine, vous avez pu continuer de réfléchir sur des aspects historiques, théologiques et ecclésiologiques de la sainte Eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne », qui exprime et réalise admirablement l’unité du peuple de Dieu (Conc. œcum. Vat. II, Const. Lumen gentium, n. 11). En vous encourageant à poursuivre, je nourris l’espérance que votre œuvre pourra indiquer des voies précieuses à notre parcours, en facilitant le chemin vers ce jour tant attendu où nous aurons la grâce de célébrer le sacrifice du Seigneur au même autel, en signe de la communion ecclésiale pleinement rétablie.
Un grand nombre d’entre vous appartient à des Églises qui assistent quotidiennement à la violence qui fait rage et à des actes terribles, perpétrés par l’extrémisme fondamentaliste. Nous sommes conscients que des situations d’une souffrance aussi tragique s’enracinent plus facilement dans des contextes de pauvreté, d’injustice et d’exclusion sociale, dues entre autres à l’instabilité engendrée par des intérêts partisans, souvent externes, et par des conflits précédents, qui ont produit des conditions de vie misérables, des déserts culturels et spirituels dans lesquels il est facile de manipuler et de pousser à la haine. Tous les jours, vos Églises sont proches de la souffrance, appelées à semer la concorde et à reconstruire patiemment l’espérance, en réconfortant avec la paix qui vient du Seigneur, une paix qu’ensemble, nous sommes tenus d’offrir à un monde blessé et déchiré.
« Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance », écrivait encore saint Paul (1 Co 12, 26). Vos souffrances sont nos souffrances. Je m’unis à vous dans la prière, en invoquant la fin des conflits et la proximité de Dieu pour les populations éprouvées, spécialement pour les enfants, les malades et les personnes âgées. J’ai particulièrement à cœur les évêques, les prêtres, les personnes consacrées et les fidèles, victimes d’enlèvements cruels, ainsi que tous ceux qui ont été pris en otages ou réduits en esclavage.
Puissent l’intercession et l’exemple de tant de nos martyrs et saints qui ont rendu au Christ un témoignage courageux et ont rejoint la pleine unité être un puissant soutien pour les communautés chrétiennes. Et nous, qu’attendons-nous ? Ils nous révèlent le cœur de notre foi qui ne consiste pas en un message générique de paix et de réconciliation, mais en Jésus lui-même, crucifié et ressuscité : il est notre paix et notre réconciliation (cf. Ep 2, 14 ; 2 Co 5, 18). En tant que ses disciples, nous sommes appelés à témoigner partout, avec la force chrétienne, de son amour humble qui réconcilie l’homme de tout temps. Là où la violence appelle la violence et où la violence sème la mort, notre réponse est le pur ferment de l’Évangile qui, sans se prêter aux logiques de la force, fait jaillir des fruits de vie également de la terre aride et des aubes d’espérance après les nuits de terreur.
Le centre de la vie chrétienne, le mystère de Jésus mort et ressuscité par amour, est aussi le point de référence pour notre chemin vers la pleine unité. Les martyrs, une fois de plus, nous indiquent la voie : combien de fois le sacrifice de la vie a-t-il conduit les chrétiens, par ailleurs divisés sur beaucoup de choses, à être unis. Les martyrs et les saints de toutes les traditions ecclésiales sont déjà un dans le Christ (cf. Jn 17, 22) ; leurs noms sont inscrits dans le martyrologe unique et indivis de l’Église de Dieu. S’étant sacrifiés par amour sur la terre, ils habitent l’unique Jérusalem céleste, proches de l’Agneau immaculé (cf. Ap 7, 13-17). Leur vie offerte en don nous appelle à la communion, à marcher plus rapidement sur la route vers la pleine unité. De même que, dans l’Église primitive, le sang des martyrs fut semence de nouveaux chrétiens, qu’aujourd’hui aussi le sang de nombreux martyrs soit semence d’unité parmi les croyants, signe et instrument d’un avenir dans la communion et la paix.
Chers frères, je vous suis reconnaissant car vous vous prodiguez dans ce but. En vous remerciant pour votre visite, j’invoque sur vous et sur votre ministère la bénédiction du Seigneur et la protection de la Sainte Mère de Dieu.
Et si cela vous semble bien, chacun dans sa langue, nous pouvons prier le Notre Père ensemble.

(*) Version française de la Salle de presse du Saint-Siège. Titre de La DC.
http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Documentation-catholique/Actes-du-pape/Le-pape-Francois-encourage-commission-mixte-catholique-orthodoxes-orientaux-dans-travail-pour-lunite-2017-02-10-1200823851

Martyre et victoire : deux clés pour lire le Moyen-Orient

Invité par le Patriarche Béchara Boutros Raï, le Cardinal Scola est intervenu lors des travaux du synode des évêques maronites réunis au siège du patriarcat, en offrant son témoignage sur la manière de concrétiser une nouvelle communion entre les Églises sœurs à la lumière des grandes souffrances des chrétiens qui vivent au Moyen-Orient.

don Davide Milani | vendredi 3 juillet 2015
La « maison mère » des maronites, présents aujourd’hui sur les cinq continents, se trouve à Bkerké, non loin du sanctuaire de Harissa, Notre-Dame du Liban. Ici se tient chaque année le Synode des Évêques auquel le Patriarche Béchara Boutros Raï a invité le Cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, afin qu’il propose une réflexion sur le rapport qu’il peut y avoir entre les Églises d’Orient et d’Occident aujourd’hui. En marchant entre les arcades de pierre claire du siège patriarcal, en plus des évêques maronites de la région, on rencontre aussi ceux qui guident les diocèses de la diaspora : la ville de Mexico, Los Angeles, New York, Montréal, Paris et Saint-Paul, pour n’en citer que quelques-uns.

Dans son intervention à l’assemblée, le cardinal Scola a proposé trois réflexions, centrées autour de trois paroles : martyre, victoire, Occident. À propos du martyre, l’archevêque a exprimé sa « grati-tude profonde pour le témoignage d’attachement au Christ que les Églises orientales, catholiques et non catholiques, donnent au monde. C’est un témoignage qui arrive fréquemment jusqu’au martyre et dont nous ne pouvons pas mesurer maintenant les effets ni dans l’Église ni en-dehors d’elle. Les moyens de communication, qui à de nombreuses reprises se transforment en instruments de propa-gande terroriste, conscients ou inconscients, diffusent ces acta martyrum contemporains avec une instantanéité (et une crudité parfois) que les récits des premiers siècles nous faisaient seulement de-viner ». « Le sang des martyrs – a ajouté Scola en citant Tertullien – est semence de nouveaux chré-tiens. Mais une chose, et une seulement, peut empêcher cette génération : c’est la division entre les disciples. Le moment tragique qui envahit la région peut devenir une occasion propice pour mettre de côté ce qui nous sépare de ce qui nous unit ». En entrant encore davantage dans les probléma-tiques du Moyen-Orient, Scola a introduit la deuxième parole : victoire. Dans cette région, « on cherche partout la victoire à travers les abus et l’anéantissement de l’adversaire. Mais nous voyons bien que cette voie conduit seulement à la mort et à la destruction. De nombreux hommes politiques et chefs religieux visent à construire une société complètement homogène. Et ainsi en Irak et en Sy-rie les militants jihadistes chassent les chrétiens et les autres minorités religieuses, quand ils ne les éliminent pas physiquement, et en détruisent les traces. Le problème c’est que le processus de « dé-humanisation » ne s’arrête pas là. Après les non-musulmans, ce sera au tour des musulmans de con-fession différente (sunnites contre chiites et vice-versa), puis des musulmans « déviants », peut-être parce qu’ils appartiennent aux ordres mystiques, enfin de tous ceux qui ne peuvent exhiber une par-faite orthopraxie, selon un schéma d’intolérance progressive que nous avons déjà vu à l’œuvre à de nombreuses reprises. Face à ce projet, je pense que les chrétiens, et avant tout les chrétiens orientaux, doivent continuer à dire un “non!” clair ». Ce n’est pas la voie que Dieu veut pour le Moyen-Orient. Plus d’homogénéité ne signifie pas moins de conflits, parce qu’il y aura toujours quelqu’un de « plus fondamentaliste que moi » qui essayera de me plier à son credo. La Somalie connaît-elle la paix alors qu’elle est composée à 100 % de musulmans sunnites ? Ou l’Afghanistan des talibans? Était-ce une bonne chose pour le Pakistan de se fixer comme objectif de créer un État islamique? Notre victoire c’est la Pâques, c’est le Crucifié Ressuscité qui accepte de prendre sur lui le péché du monde et par son obéissance détruit le corps du péché ».

La dernière réflexion de l’Archevêque de Milan concernait l’Occident, là où « il existe une difficulté réelle de comprendre ce qui se produit dans cette région. On pense qu’on sait déjà, qu’on a la clé pour interpréter les faits. Et on commet des erreurs d’évaluation tellement grossières. L’Occidental moyen n’est pas capable de penser une guerre de religion, aussi à cause de son histoire passée, et il raisonne uniquement selon les absolus de démocratie et de tyrannie, sans percevoir la nécessité de coopérer avec toutes les forces qui s’opposent, pour les raisons les plus différentes, au génocide physique et culturel perpétré par l’EIIL et les États qui, directement ou indirectement, le soutiennent dans le projet criminel d’un Moyen-Orient mono-couleur.

Le seul langage qui me semble encore utilisable est l’humanitaire : raconter les souffrances. Je sug-gère donc d’identifier des cas particulièrement éclatants sur lesquels s’appuyer pour solliciter une intervention internationale. Je pense particulièrement à Alep, qui est déjà devenue la nouvelle Sara-jevo du XXIe siècle. La proposition d’ouvrir un couloir humanitaire pour soulager les souffrances de cette ville, avant qu’elle ne finisse elle aussi dans les mains de l’EIIL, pourrait avoir quelques possibilités de succès aussi au niveau médiatique. De plus, de manière réaliste, cela ne me semble pas possible d’espérer, dans le cadre de l’immobilisme international embarrassant et myope, qui malheureusement domine ».

Le débat avec les évêques qui s’ensuivit fut très riche, et a abordé – entre autres – le sujet de l’immigration sur les côtes italiennes, la fermeture de l’Europe à l’égard de ceux qui arrivent fatigués et ayant besoin de tout, et le phénomène des foreign fighters qui s’unissent à l’EIIL. Les formes de fermeture de l’Italie et de l’Union européenne face aux dizaines de milliers de désespérés qui fuient la guerre, les persécutions et la misère sont incompréhensibles dans un pays qui comme le Liban, avec moins de 4 millions d’habitants, accueille un million et demi de réfugiés syriens et un demi-million de palestiniens.

Ici l’intervention intégrale prononcée par le Card. Angelo Scola au Synode maronite à Bkerké : http://angeloscola.it/blog/2015/06/17/medio-oriente-piu-omogeneita-non-significa-meno-conflitti/

vendredi 24 février 2017

le 8eme Commandement لا تشهد بالزور

LE HUITIEME COMMANDEMENT
Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain.(Ex 20, 16).
Il a été dit aux anciens : Tu ne parjureras pas, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments (Mt 5, 33).
2464 Le huitième commandement interdit de travestir la vérité dans les relations avec autrui. Cette prescription morale découle de la vocation du peuple saint à être témoin de son Dieu qui est et qui veut la vérité. Les offenses à la vérité expriment, par des paroles ou des actes, un refus de s’engager dans la rectitude morale : elles sont des infidélités foncières à Dieu et, en ce sens, sapent les bases de l’Alliance

II. " Rendre témoignage à la vérité "
2471 Devant Pilate le Christ proclame qu’il est " venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité " (Jn 1837). Le chrétien n’a pas à " rougir de rendretémoignage au Seigneur " (2 Tm 18). Dans les situations qui demandent l’attestation de la foi, le chrétien doit la professer sans équivoque, à l’exemple de S. Paul en face de ses juges. Il lui faut garder " une conscience irréprochable devant Dieu et devant les hommes " (Ac 2416).
2472 Le devoir des chrétiens de prendre part à la vie de l’Église les pousse à agir comme témoins de l’Evangile et des obligations qui en découlent. Ce témoignageest transmission de la foi en paroles et en actes. Le témoignage est un acte de justice qui établit ou fait connaître la vérité (cfMt 1816) :
Tous les chrétienspartout où ils vivent, sont tenus de manifester ... par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême, et la force du Saint-Esprit qui les a fortifiés au moyen de la confirmation (AG 11).
2473 Le martyre est le suprême témoignage rendu à la vérité de la foi ; il désigne un témoigne qui va jusqu’à la mort. Le martyr rend témoignage au Christmort etressuscitéauquel il est uni par la charité. Il rend témoignage à la vérité de la foi et de la doctrine chrétienne. Il supporte la mort par un acte de force. " Laissez-moidevenir la pâture des bêtes. C’est par elles qu’il me sera donné d’arriver à Dieu " (Ignace d’AntiocheRom41).
2474 Avec le plus grand soin, l’Église a recueilli les souvenirs de ceux qui sont allés jusqu’au bout pour attester leur foi. Ce sont les actes des MartyrsIls constituent les archives de la Vérité écrites en lettres de sang :
Rien ne me servira des charmes du monde ni des royaumes de ce siècle. Il est meilleur pour moi de mourir [pour m’unir] au Christ Jésus, que de régner sur les extrémités de la terre. C’est Lui que je cherche, qui est mort pour nous ; Lui que je veux, qui est ressuscité pour nous. Mon enfantementapproche .... (S. Ignace d’AntiocheRom61-2).
Je te bénis pour m’avoir jugé digne de ce jour et de cette heuredigne d’être compté au nombre de tes martyrs ... Tu as gardé ta promesseDieu de lafidélité et de la vérité. Pour cette grâce et pour toute chose, je te loue, je te bénis, je te glorifie par l’éternel et céleste Grand PrêtreJésus-Christ, ton enfant bien-aimé. Par lui, qui est avec Toi et l’Espritgloire te soit rendue, maintenant et dans les siècles à venirAmen (S. Polycarpemart142-3).
I. Vivre dans la vérité
2465 L’Ancien Testament l’atteste : Dieu est source de toute vérité. Sa Parole est vérité (cf. Pr 8, 6 ; 2 R 7, 28). Sa loi est vérité (cf. Ps 118, 142). " Sa fidélité demeure d’âge en âge " (Ps 119, 90 ; Lc 1, 46). Puisque Dieu est le " Véridique " (Rm 3, 4) les membres de son Peuple sont appelés à vivre dans la vérité (cf. Ps 118, 30).
2466 En Jésus-Christ, la vérité de Dieu s’est manifestée tout entière. " Plein de grâce et de vérité " (Jn 1, 14), il est la " lumière du monde " (Jn 8, 12), il est la Vérité(cf. Jn 14, 6). " Quiconque croit en lui, ne demeure pas dans les ténèbres " (Jn 12, 46). Le disciple de Jésus, " demeure  dans sa parole " afin de connaître " la vérité qui rend libre " (Jn 8, 32) et qui sanctifie (cf. Jn 17, 17). Suivre Jésus, c’est vivre de " l’Esprit de vérité " (Jn 14, 17) que le Père envoie en son nom (cf. Jn 14, 26) et qui conduit " à la vérité tout entière " (Jn 14, 17 ; 16, 13). A ses disciples Jésus enseigne l’amour inconditionnel de la vérité : " Que votre langage soit : ‘Oui ? oui’, ‘Non ? non’ " (Mt 5, 37).
2467 L’homme se porte naturellement vers la vérité. Il est tenu de l’honorer et de l’attester : " En vertu de leur dignité, tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes ... sont pressés par leur nature même et tenus, par obligation morale, à chercher la vérité, celle tout d’abord qui concerne la religion. Il sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu’ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de la vérité " (DH 2).
2468 La vérité comme rectitude de l’agir et de la parole humaine a pour nom véracité,sincérité ou franchise. La vérité ou véracité est la vertu qui consiste à se montrer vrai en ses actes et à dire vrai en ses paroles, en se gardant de la duplicité, de la simulation et de l’hypocrisie.
2469 " Les hommes ne pourraient pas vivre ensemble s’ils n’avaient pas de confiance réciproque, c’est-à-dire s’ils ne se manifestaient pas la vérité " (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 109, 3, ad 1). La vertu de vérité rend justement à autrui son dû. La véracité observe un juste milieu entre ce qui doit être exprimé, et le secret qui doit être gardé : elle implique l’honnêteté et la discrétion. En justice, " un homme doit honnêtement à un autre la manifestation de la vérité " (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 109, 3).
2470 Le disciple du Christ accepte de " vivre dans la vérité ", c’est-à-dire dans la simplicité d’une vie conforme à l’exemple du Seigneur et demeurant dans sa Vérité. " Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons, nous n’agissons pas selon la vérité " (1 Jn 1, 6).
II. " Rendre témoignage à la vérité "
2471 Devant Pilate le Christ proclame qu’il est " venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité " (Jn 18, 37). Le chrétien n’a pas à " rougir de rendre témoignage au Seigneur " (2 Tm 1, 8). Dans les situations qui demandent l’attestation de la foi, le chrétien doit la professer sans équivoque, à l’exemple de S. Paul en face de ses juges. Il lui faut garder " une conscience irréprochable devant Dieu et devant les hommes " (Ac 24, 16).
2472 Le devoir des chrétiens de prendre part à la vie de l’Église les pousse à agir comme témoins de l’Evangile et des obligations qui en découlent. Ce témoignage est transmission de la foi en paroles et en actes. Le témoignage est un acte de justice qui établit ou fait connaître la vérité (cf. Mt 18, 16) :
Tous les chrétiens, partout où ils vivent, sont tenus de manifester ... par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême, et la force du Saint-Esprit qui les a fortifiés au moyen de la confirmation (AG 11).
2473 Le martyre est le suprême témoignage rendu à la vérité de la foi ; il désigne un témoigne qui va jusqu’à la mort. Le martyr rend témoignage au Christ, mort et ressuscité, auquel il est uni par la charité. Il rend témoignage à la vérité de la foi et de la doctrine chrétienne. Il supporte la mort par un acte de force. " Laissez-moi devenir la pâture des bêtes. C’est par elles qu’il me sera donné d’arriver à Dieu " (Ignace d’Antioche, Rom. 4, 1).
2474 Avec le plus grand soin, l’Église a recueilli les souvenirs de ceux qui sont allés jusqu’au bout pour attester leur foi. Ce sont les actes des MartyrsIls constituent les archives de la Vérité écrites en lettres de sang :
Rien ne me servira des charmes du monde ni des royaumes de ce siècle. Il est meilleur pour moi de mourir [pour m’unir] au Christ Jésus, que de régner sur les extrémités de la terre. C’est Lui que je cherche, qui est mort pour nous ; Lui que je veux, qui est ressuscité pour nous. Mon enfantement approche .... (S. Ignace d’Antioche, Rom. 6, 1-2).


Je te bénis pour m’avoir jugé digne de ce jour et de cette heure, digne d’être compté au nombre de tes martyrs ... Tu as gardé ta promesse, Dieu de la fidélité et de la vérité. Pour cette grâce et pour toute chose, je te loue, je te bénis, je te glorifie par l’éternel et céleste Grand Prêtre, Jésus-Christ, ton enfant bien-aimé. Par lui, qui est avec Toi et l’Esprit, gloire te soit rendue, maintenant et dans les siècles à venir. Amen (S. Polycarpe, mart. 14, 2-3).III. Les offenses à la vérité
2475 Les disciples du Christ ont " revêtu l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité " (Ep 4, 24). " Débarrassés du mensonge " (Ep 4, 25), ils ont à " rejeter toute méchanceté et toute ruse, toute forme d’hypocrisie, d’envie et de médisance " (1 P 2, 1).
2476 Faux témoignage et parjure. Quand il est émis publiquement, un propos contraire à la vérité revêt une particulière gravité. Devant un tribunal, il devient un faux témoignage (cf. Pr 19, 9). Quand il est tenu sous serment, il s’agit d’un parjure. Ces manières d’agir contribuent, soit à condamner un innocent, soit à disculper un coupable ou à augmenter la sanction encourue par l’accusé (cf. Pr 18, 5). Elles compromettent gravement l’exercice de la justice et l’équité de la sentence prononcée par les juges.
2477 Le respect de la réputation des personnes interdit toute attitude et toute parole susceptibles de leur causer un injuste dommage (cf.  CIC, can. 220). Se rend coupable
– de jugement téméraire celui qui, même tacitement admet comme vrai, sans fondement suffisant, un défaut moral chez le prochain.
– de médisancecelui qui, sans raison objectivement valable, dévoile à des personnes qui l’ignorent les défauts et les fautes d’autrui (cf. Si 21, 28).
– de calomniecelui qui, par des propos contraires à la vérité, nuit à la réputation des autres et donne occasion à de faux jugements à leur égard.
2478 Pour éviter le jugement téméraire, chacun veillera à interpréter autant que possible dans un sens favorable les pensées, paroles et actions de son prochain :
Tout bon chrétien doit être plus prompt à sauver la proposition du prochain qu’à la condamner. Si l’on ne peut la sauver, qu’on lui demande comment il la comprend ; et s’il la comprend mal, qu’on le corrige avec amour ; et si cela ne suffit pas, qu’on cherche tous les moyens adaptés pour qu’en la comprenant bien il se sauve (S. Ignace, ex. spir. 22).
2479 Médisance et calomnie détruisent la réputation et l’honneur du prochain. Or, l’honneur est le témoignage social rendu à la dignité humaine, et chacun jouit d’un droit naturel à l’honneur de son nom, à sa réputation et au respect. Ainsi, la médisance et la calomnie lèsent-elles les vertus de justice et de charité.
2480 Est à proscrire toute parole ou attitude qui, par flatterie, adulation ou complaisance, encourage et confirme autrui dans la malice de ses actes et la perversité de sa conduite. L’adulation est une faute grave si elle se fait complice de vices ou de péchés graves. Le désir de rendre service ou l’amitié, ne justifient pas une duplicité du langage. L’adulation est un péché véniel quand elle désire seulement être agréable, éviter un mal, parer à une nécessité, obtenir des avantages légitimes.
2481 La jactance ou vantardise constitue une faute contre la vérité. Il en est de même de l’ironie qui vise à déprécier quelqu’un en caricaturant, de manière malveillante, tel ou tel aspect de son comportement.
2482 " Le mensonge consiste à dire le faux avec l’intention de tromper " (S. Augustin, mend. 4, 5 : PL 40, 491). Le Seigneur dénonce dans le mensonge une œuvre diabolique : " Vous avez pour père le diable ... il n’y a pas de vérité en lui : quand il dit ses mensonges, il les tire de son propre fonds, parce qu’il est menteur et père du mensonge " (Jn 8, 44).
2483 Le mensonge est l’offense la plus directe à la vérité. Mentir, c’est parler ou agir contre la vérité pour induire en erreur. En blessant la relation de l’homme à la vérité et au prochain, le mensonge offense la relation fondatrice de l’homme et de sa parole au Seigneur.
IV. Le respect de la vérité
2488 Le droit à la communication de la vérité n’est pas inconditionnel. Chacun doit conformer sa vie au précepte évangélique de l’amour fraternelCelui-ci demande, dans les situations concrètes, d’estimer s’il convient ou non de révéler la vérité à celui qui la demande.
2489 La charité et le respect de la vérité doivent dicter la réponse à toute demande d’information ou de communication. Le bien et la sécurité d’autrui, le respect de la vie privée, le bien commun sont des raisons suffisantes pour taire ce qui ne doit pas être connu, ou pour user d’un langage discret. Le devoir d’éviter le scandale commande souvent une stricte discrétion. Personne n’est tenu de révéler la vérité à qui n’a pas droit de la connaître (cf. Si 27, 16 ; Pr 25, 9-10).
2490 Le secret du sacrement de réconciliation est sacré, et ne peut être trahi sous aucun prétexte. " Le secret sacramentel est inviolable ; c’est pourquoi il est absolument interdit au confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou d’une autre manière, et pour quelque cause que ce soit " ( CIC, can. 982).
2491 Les secrets professionnels – détenus par exemple par des hommes politiques, des militaires, des médecins, des juristes – ou les confidences faites sous le sceau du secret, doivent être gardés, sauf dans les cas exceptionnels où la rétention du secret devrait causer à celui qui les confie, à celui qui les reçoit ou à un tiers des dommages très graves et seulement évitables par la divulgation de la vérité. Même si elles n’ont pas été confiées sous le sceau du secret, les informations privées préjudiciables à autrui n’ont pas à être divulguées sans une raison grave et proportionnée.



2492 Chacun doit garder la juste réserve à propos de la vie privée des gens. Les responsables de la communication doivent maintenir une juste proportion entre les exigences du bien commun et le respect des droits particuliers. L’ingérence de l’information dans la vie privée de personnes engagées dans une activité politique ou publique est condamnable dans la mesure où elle porte atteinte à leur intimité et à leur liberté.
V. L’usage des Moyens de communication sociale
2493 Au sein de la société moderne, les moyens de communication socialeont un rôle majeur dans l’information, la promotion culturelle et la formation. Ce rôle grandit, en raison des progrès techniques, de l’ampleur et de la diversité des nouvelles transmises, de l’influence exercée sur l’opinion publique.
2494 L’information médiatique est au service du bien commun (cf. IM 11). La société a droit à une information fondée sur la vérité, la liberté, la justice, et la solidarité :
Le bon exercice de ce droit requiert que la communication soit, quant à l’objet, toujours véridique et – dans le respect des exigences de la justice et de la charité – complète ; qu’elle soit, quant au mode, honnête et convenable, c’est-à-dire que dans l’acquisition et la diffusion des nouvelles, elle observe absolument les lois morales, les droits et la dignité de l’homme (IM 5).
2495 " Il est nécessaire que tous les membres de la société remplissent dans ce domaine aussi leurs devoirs de justice et de vérité. Ils emploieront les moyens de communication sociale pour concourir à la formation et à la diffusion de saines opinions publiques " (IM 8). La solidarité apparaît comme une conséquence d’une communication vraie et juste, et de la libre circulation des idées, qui favorisent la connaissance et le respect d’autrui.
2496 Les moyens de communication sociale (en particulier les mass média) peuvent engendrer une certaine passivité chez les usagers, faisant de ces derniers des consommateurs peu vigilants de messages ou de spectacles. Les usagers s’imposeront modération et discipline vis-à-vis des mass média. Ils voudront se former une conscience éclairée et droite afin de résister plus facilement aux influences moins honnêtes.
2497 Au titre même de leur profession dans la presse, sesresponsables ont l’obligation, dans la diffusion de l’information, de servir la vérité et de ne pas offenser la charité. Ils s’efforceront de respecter, avec un égal souci, la nature des faits et les limites du jugement critique à l’égard des personnes. Ils doivent éviter de céder à la diffamation.
2498 " Des devoirs particuliers reviennent aux autorités civiles en raison du bien commun. Les pouvoirs publics ont à défendre et à protéger la vraie et juste liberté de l’information " (IM 12). En promulguant des lois et en veillant à leur application, les pouvoirs publics s’assureront que le mauvais usage des média ne vienne " causer de graves préjudices aux mœurs publiques et aux progrès de la société " (IM 12). Ils sanctionneront la violation des droits de chacun à la réputation et au secret de la vie privée. Ils donneront à temps et honnêtement les informations qui concernent le bien général ou répondent aux inquiétudes fondées de la population. Rien ne peut justifier le recours aux fausses informations pour manipuler l’opinion publique par les média. Ces interventions ne porteront pas atteinte à la liberté des individus et des groupes.



2499 La morale dénonce la plaie des états totalitaires qui falsifient systématiquement la vérité, exercent par les médias une domination politique de l’opinion, " manipulent " les accusés et les témoins de procès publics et imaginent assurer leur tyrannie en jugulant et en réprimant tout ce qu’ils considèrent comme " délits d’opinion ".
VI. Vérité, Beauté et Art sacré
2500 La pratique du bien s’accompagne d’un plaisir spirituel gratuit et de la beauté morale. De même, la vérité comporte la joie et la splendeur de la beauté spirituelle. La vérité est belle par elle-même.La vérité de la parole, expression rationnelle de la connaissance de la réalité créée et Incréée, est nécessaire à l’homme doué d’intelligence, mais la vérité peut aussi trouver d’autres formes d’expression humaine, complémentaires, surtout quand il s’agit d’évoquer ce qu’elle comporte d’indicible, les profondeurs du cœur humain, les élévations de l’âme, le Mystère de Dieu. Avant même de Se révéler à l’homme en paroles de vérité, Dieu Se révèle à lui par le langage universel de la Création, œuvre de Sa Parole, de Sa Sagesse : l’ordre et l’harmonie du cosmos – que découvre et l’enfant et l’homme de science – " la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur " (Sg 13, 5), " car c’est la Source même de la beauté qui les a créées " (Sg 13, 3).
La Sagesse est, en effet, un effluve de la puissance de Dieu, une émanation toute pure de la gloire du Tout-Puissant ; aussi rien de souillé ne s’introduit en elle. Car elle est un reflet de la Lumière Eternelle, un miroir sans tache de l’activité de Dieu, une image de Sa bonté (Sg 7, 25-26). La Sagesse est, en effet, plus belle que le soleil, elle surpasse toutes les constellations, comparée à la lumière, elle l’emporte ; car celle-ci fait place à la nuit, mais contre la Sagesse le mal ne prévaut pas (Sg 7, 29-30). Je suis devenu amoureux de sa beauté (Sg 8, 2).
2501 " Créé à l’image de Dieu " (Gn 1, 26), l’homme exprime aussi la vérité de son rapport à Dieu Créateur par la beauté de ses œuvres artistiques. L’art, en effet, est une forme d’expression proprement humaine ; au de-là de la recherche des nécessités vitales commune à toutes les créatures vivantes, il est une surabondance gratuite de la richesse intérieure de l’être humain. Surgissant d’un talent donné par le Créateur et de l’effort de l’homme lui-même, l’art est une forme de sagesse pratique, unissant connaissance et savoir-faire (Sg 7, 18) pour donner forme à la vérité d’une réalité dans le langage accessible à la vue ou à l’ouïe. L’art comporte ainsi une certaine similitude avec l’activité de Dieu dans le créé, dans la mesure où il s’inspire de la vérité et de l’amour des êtres. Pas plus qu’aucune autre activité humaine, l’art n’a en lui-même sa fin absolue, mais il est ordonné et anobli par la fin ultime de l’homme (cf. Pie XII, discours 25 décembre 1955 et discours 3 septembre 1950).
2502 L’art sacré estvrai et beau, quand il correspond par sa forme à sa vocation propre : évoquer et glorifier, dans la Foi et l’adoration, le Mystère transcendant de Dieu, Beauté Suréminente Invisible de Vérité et d’Amour, apparue dans le Christ, " Resplendissement de Sa gloire, Effigie de Sa Substance " (He 1, 3), en Qui " habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité " (Col 2, 9), beauté spirituelle réfractée dans la très Sainte Vierge Mère de Dieu, les Anges et les Saints. L’art sacré véritable porte l’homme à l’adoration, à la prière et à l’amour de Dieu Créateur et Sauveur, Saint etSanctificateur.



2503 C’est pourquoi les évêques doivent, par eux-mêmes ou par délégation, veiller à promouvoir l’art sacré, ancien et nouveau, sous toutes ses formes, et à écarter, avec le même soin religieux, de la liturgie et des édifices du culte, tout ce qui n’est pas conforme à la vérité de la Foi et à l’authentique beauté de l’art sacré (cf. SC 122-127).
EN BREF
2504 " Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain " (Ex 20, 16). Les disciples du Christ ont " revêtu l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité " (Ep 4, 24).
2505 La vérité ou véracité est la vertu qui consiste à se montrer vrai en ses actes et à dire vrai en ses paroles, se gardant de la duplicité, de la simulation et de l’hypocrisie.
2506 Le chrétien n’a pas à " rougir de rendre témoignage au Seigneur " (2 Tm 1, 8) en acte et en parole. Le martyre est le suprême témoignage rendu à la vérité de la foi.
2507 Le respect de la réputation et de l’honneur des personnes interdit toute attitude ou toute parole de médisance ou de calomnie.
2508 Le mensonge consiste à dire le faux avec l’intention de tromper le prochain.
2509 Une faute commise à l’encontre de la vérité demande réparation.
2510 La règle d’or aide à discerner, dans les situations concrètes, s’il convient ou non de révéler la vérité à celui qui la demande.
2511 " Le secret sacramentel est inviolable " ( CIC, can. 983 § 1). Les secrets professionnels doivent être gardés. Les confidences préjudiciables à autrui n’ont pas à être divulguées.
2512 La société a droit à une information fondée sur la vérité, la liberté, la justice. Il convient de s’imposer modération et discipline dans l’usage des moyens de communication sociale.
2513 Les beaux-arts, mais surtout l’art sacré " visent, par nature, à exprimer de quelque façon dans les œuvres humaines la beauté infinie de Dieu, et ils se consacrent d’autant plus à accroître sa louange et sa gloire qu’ils n’ont pas d’autre propos que de contribuer le plus possible à tourner les âmes humaines vers Dieu " (SC 122).

lundi 20 février 2017

What much of the media ignored in the execution of 21 Coptic Christians - World - Aleteia.org – Worldwide Catholic Network Sharing Faith Resources for those seeking Truth – Aleteia.org

What much of the media ignored in the execution of 21 Coptic Christians - World - Aleteia.org – Worldwide Catholic Network Sharing Faith Resources for those seeking Truth – Aleteia.org

What much of the media ignored in the execution of 21 Coptic Christians

In February 2015, the whole world was in shock given the appalling images of the execution of twenty-one Egyptian Coptic Christians on a Libyan beach. The video that shows the group of men wearing an orange uniform on the way to death has become a symbol of the cruelty and cowardice of terrorists in the Islamic state. The scenes were preceded by a threatening title: "A message signed with blood to the nation of the Cross."
Read more: In Cairo attack, a strike against the womb and future of the church
It is the opinion of human rights activist Jacqueline Isaac, the world's media have obscured an essential message of the video by broadcasting it, and not necessarily to censor scenes of unprecedented violence, but to avoid showing the moment when the victims refuse to embrace Islam by force, while calling to Jesus Christ.

@AL HAYAT

Some of the martyred Christians recited before the cameras their last prayer. On the verge of being beheaded, everyone shouted in chorus "Ya Rabbi Yassu", a common invocation to the Egyptian Coptic Christians which means "Oh my Lord Jesus." This is confirmed within the subtitling of the video: "They beg for the one they adore and die from their paganism."

@AL HAYAT

Walid Shoebat, a writer specializing in terrorism, sums up: "They gave them a choice between converting and dying. And all have chosen to remain faithful [to Christ] until death."
Read more: Painting a story of martyrdom where the blood has just flowed



Envoyé de mon iPhone JTK 

jeudi 16 février 2017

“Le martyre de la foi”, réflexion du P. Leclercq, aa, après l’assassinat du P. Machozi, aa, et du P. Hamel - La Croix

"Le martyre de la foi", réflexion du P. Leclercq, aa, après l'assassinat du P. Machozi, aa, et du P. Hamel - La Croix
La Croix -16/2/2917
"Le martyre de la foi", réflexion du P. Leclercq, aa, après l'assassinat du P. Machozi, aa, et du P. Hamel

Signe pour la société et une responsabilité pour nos communautés

Il y a quelques mois, un prêtre assomptionniste mais aussi un frère que je connaissais bien, le Père Vincent Machozi, fut assassiné dans le Nord Kivu en République Démocratique du Congo par un groupe d'individus portant l'uniforme de l'armée régulière. Nous ignorons toujours les commanditaires de ce meurtre mais un premier constat s'impose. Dès son retour des États Unis en 2012 et après ses études doctorales à Boston University, l'université du pasteur Martin Luther King, le Père Vincent avait fait le choix de rentrer au pays afin de documenter les tueries perpétrées régulièrement dans son diocèse (1). Son but était de répertorier les crimes commis au nord-est de la RD-Congo et de les dénoncer à une communauté nationale et internationale particulièrement silencieuse. Il avait aussi enquêté sur l'enlèvement de trois frères assomptionnistes dont nous sommes sans nouvelles depuis quatre ans. Le lendemain de sa mort, le Père général des Augustins de l'Assomption évoquait à son sujet la figure d'un héros. « Vincent est l'honneur de notre congrégation. Il a donné sa vie pour une cause juste : la défense des hommes et des femmes humiliés et spoliés de leurs droits élémentaires » (2).

Deux prêtres, deux drames

Depuis sa disparition le soir du dimanche des Rameaux 2016, je ne cesse de m'interroger sur l'héritage de son « martyre ». Ce terme me vient spontanément à l'esprit car il y a bien eu mort d'homme. Il me semble aussi que ce frère est mort au nom de sa foi. Le Père Vincent avait échappé à plusieurs tentatives d'assassinat. Mais il continuait à parcourir inlassablement son diocèse à la rencontre des populations les plus vulnérables. Notre frère avait accepté de prendre des risques pour ceux qui risquaient leur vie tous les jours dans cette région des Grands Lacs. Enfin, il avait eu le temps d'intérioriser le charisme de notre famille religieuse (3). Et il avait choisi librement de ne pas rester inactif devant les exactions qu'il observait.
Fin juillet 2016, j'arrivai tout juste de Kinshasa où je suis actuellement en mission lorsqu'un autre événement a relancé ma réflexion. Le matin du 26 juillet, alors qu'il célébrait la messe, le Père Jacques Hamel, un prêtre aîné âgé de 85 ans a été égorgé au pied de l'autel par deux assaillants se réclamant de l'État Islamique. Le drame s'est déroulé dans l'église de Saint Étienne-du-Rouvray près de Rouen en Normandie (a). Ce meurtre d'un prêtre catholique eut un retentissement considérable dans l'Église de France déjà visée par DAECH, l'acronyme désignant l'État Islamique en arabe. L'attentat est survenu au cours des Journées Mondiales de la Jeunesse, au cœur de l'été et de son habituelle légèreté. Il a ému la société française dans son ensemble – communauté musulmane comprise. Très vite, l'onde de choc a dépassé les frontières de l'hexagone. L'événement a « fait la une » de nombreux médias internationaux.
Ces deux meurtres survenus à quelques mois d'intervalle et à des milliers de kilomètres l'un de l'autre interrogent sur le sens du martyre chrétien aujourd'hui. Dans ce bref article, je ne prétends pas élaborer un exposé systématique sur le martyre mais proposer quelques pistes pour répondre dans la foi à la vie donnée de ces deux prêtres.

Le martyre invite à une recherche de sens

En français, le mot « martyr » qualifie la personne et le « martyre » le genre de mort subie par la victime. Ce terme de martyre résulte autant d'une appréciation globale que d'une analyse précise de la situation. En effet, parler de « martyre » exige d'examiner soigneusement certains critères : les acteurs en présence et leurs motivations – en l'occurrence les assassins et leur unique victime – les circonstances de la mort et enfin son interprétation dans la foi de l'Église. Le martyre vient qualifier un destin personnel et vise en même temps l'édification du peuple de Dieu. À quelle condition celui qui meurt et la manière dont il meurt sont-ils aussi liés l'un à l'autre sous le terme de « martyre » ? Lorsque cette qualification heureusement exceptionnelle du « martyr » est retenue par l'Église, pourquoi déclarer « bienheureux » ce héros de la foi ? Enfin, quelles attitudes et quelle espérance nous suggèrent la figure du martyr dans les temps relativement troublés qui sont les nôtres aujourd'hui ?

Défendre la foi dans son intégralité

Rappelons d'abord qu'un « martyr » est dans notre tradition celui qui accepte de donner sa vie pour défendre la foi dans le Christ mort et ressuscité pour nous (4). Le martyr témoigne ainsi de la vérité de la foi, c'est-à-dire de la foi dans toute sa vérité. Le martyr n'est pas seulement celui qui expose sa vie contre l'idolâtrie ou pour sauvegarder le « donné-révélé » de la foi contre une hérésie. La défense de la foi dans son intégralité nous invite à étendre la catégorie du martyr à ceux qui défendent ce que la foi chrétienne implique dans la vie religieuse, sociale ou politique d'un pays. Dans cette perspective, le terme de « martyr » pourrait bien s'appliquer à celui qui dénonce la violence. Mais alors à quelles conditions ? Un « militant » des droits de l'Homme peut-il aussi être considéré comme « martyr » s'il devient lui-même la victime des crimes qu'il a dénoncés ?

S'engager pour la vérité de Dieu et le service de l'homme

À travers l'offrande de sa vie, le martyr porte publiquement un jugement de valeur. Le martyre valorise de facto ce que le martyr a défendu en y consacrant toute sa vie. Il met aussi en lumière ce qu'il a combattu ou considéré comme inadmissible jusqu'au péril de sa vie. Au temps des persécutions, le martyre marque le refus ou l'impossibilité de renier sa foi. Il offre donc aux yeux de tous un témoignage particulièrement vivant de sa foi. Sa mort renvoie au contenu de la foi mais aussi très concrètement à sa vie de foi. Le martyr incarne une foi vivante et sainte qu'il n'a pu renier ni devant Dieu ni devant les hommes.
Le martyre dévoile devant tous ce qui n'est pas admissible de dire sur Dieu ou de vivre au nom de l'Évangile. Le martyre serait-il davantage du côté de celui qui défend la foi dans le Dieu Unique, Créateur et Sauveur que de celui qui défend l'Homme face à des attaques portant atteinte à sa dignité (ou son intégrité) d'être « créé à l'image et à la ressemblance de Dieu ». Le martyr donne sa propre vie contre de tout ce qui déforme et instrumentalise l'image de Dieu. Mais en certaines circonstances, il peut aussi défendre l'Homme menacé comme image de Dieu.
Aujourd'hui, ce sens élargi du martyre « fait signe » aux croyants comme aux non croyants. En effet, la vertu de religion qui selon Thomas d'Aquin va jusqu'au « sacrifice » intérieur témoigne de notre respect de Dieu mais aussi du respect d'autrui dont nos sociétés ont besoin (5).

Le signe du martyre laissé à notre responsabilité éthique

Le martyre constitue aujourd'hui un « signe » pour nos sociétés. Encore faut-il que ce signe soit reçu et compris. Mgr Albert Rouet, évêque émérite de Poitiers, fait une remarque judicieuse à ce sujet : « Il ne faut pas oublier que le signe n'appartient pas à celui qui le pose, il appartient à celui qui le lit » (6). En l'occurrence, les signes du martyre des Pères Jacques Hamel et Vincent Machozi sont livrés à notre responsabilité éthique. Et il nous revient donc d'être interpellés et stimulés par la mort de ces deux prêtres. L'interpellation semble même être un élément constitutif de tout martyre. Nos oraisons en témoignent au cœur même de la liturgie.
« Dieu éternel et tout-puissant, tu as donné à tes saints la force de souffrir à cause du Christ ; viens encore au secours de notre faiblesse, afin qu'en imitant ces martyrs qui n'ont pas hésité à mourir pour toi, nous ayons le courage de te glorifier par notre vie » (7).
L'histoire du Père Vincent et celle du Père Jacques sont donc liées dans le sens où leurs destins respectifs sont un « signe » déposé sur le chemin de nos vies chrétiennes. Leur témoignage nourrit notre foi et notre engagement de chrétiens dans le monde d'aujourd'hui. Ce double « martyre » est un signe ouvert, désormais livré à la lecture et à l'interprétation de nos communautés. À nous de voir et surtout d'en faire quelque chose de bien, de bon et de beau.
La grâce du martyre nous conduit tout droit à la fraternité. En effet, le martyre de nos prêtres relance notre sens du dialogue devant les bouleversements profonds de nos sociétés. Il stimule notre goût pour la paix face aux épreuves passées, présentes ou à venir. Ces « héros » de la foi nous aident à décliner l'Évangile dans sa vérité et son intégralité. Ils nous aident à inventer sans naïveté ni angélisme la fraternité dont nous aurons besoin pour continuer à vivre et à partager notre foi en Christ. Face à des situations complexes et inédites, les Pères Vincent et Jacques nous invitent à décliner la fraternité dans un esprit de vigilance, de charité et de service. Chacune de ces dimensions du témoignage chrétien demande un apprentissage au sein même de nos communautés locales notamment si la mort se met à gronder autour de nous.

Avoir assez de foi pour veiller sur ses frères

La lumière de la foi pour veiller sur une fraternité fragile

Les « martyres » des Pères Hamel et Machozi nous invitent à la vigilance. En effet, notre amour généreux et désintéressé pour l'Homme est immédiatement éprouvé lorsque certaines personnes – hommes ou femmes et parfois même des adolescents – posent des actes d'une violence insoutenable. De même, notre vision du monde peut être faussée lorsque des sentiments de peur nous dominent et que la méfiance envahit progressivement nos communautés en s'emparant de l'ensemble de la société.

Sans l'avoir recherché ni anticipé, le Père Hamel a été froidement éliminé au pied de l'autel. Le pape François n'a pas hésité à qualifier de « satanique » cet acte de tuer au nom de Dieu. Le crime a été commis dans la haine de la foi tout en se réclamant du nom de Dieu. Autant dire que la perversion est totale. Au cours de la messe de suffrage célébrée à Rome, le jour de la Croix Glorieuse, le pape François confiait ceci :
« (…) il y a quelque chose dans le martyre de cet homme qui l'a accepté comme le martyre du Christ à l'autel, une chose qui me fait beaucoup réfléchir : au cœur de ce moment terrible, de cette tragédie, il n'a pas perdu la lucidité pour dire le nom de cet assassin, il a dit clairement : "Va-t'en Satan !". Il a donné la vie pour nous. Il a donné sa vie pour ne pas renier Jésus. Il a donné sa vie dans le sacrifice même de Jésus sur l'autel. Et de là, il a accusé l'auteur de la persécution : "Va-t'en, Satan !" » (8).
Dans l'esprit du pape François, ce meurtre est « satanique » car il s'est opposé directement à l'action de l'Esprit Saint dans la vie de ce prêtre et de la communauté visée. Son propos permet de désigner le véritable « auteur de la persécution ». Un tel discernement dans la foi permet de refuser l'inadmissible et de se protéger contre ceux qui s'en font les instruments tout en gardant la raison « de la douceur, de la fraternité et de la paix ». En situation de bouleversement, le discernement chrétien veille à ce que nous nous gardions de la peur et conservions quelques repères :
« Dans cet exemple de courage, mais aussi dans le martyre de la vie, le fait de se donner aux autres tout au long de la vie, qu'il nous aide à avancer sans peur. Nous devons prier [le Père Hamel]. Que lui, depuis le ciel – c'est un martyr, et les martyrs sont des bienheureux – (…) qu'il nous donne la douceur, la fraternité, la paix. Aussi le courage de dire la vérité : tuer au nom de Dieu est satanique » (9).
Pour illustrer cette vigilance et la nécessité du discernement, évoquons l'exemple de cet homme circulant à bicyclette. Il avait remarqué un tag « mort aux musulmans » écrit derrière un panneau de signalisation. Quelques jours après le meurtre du Père Hamel, il constate que celui-ci a été effacé. Il regrette alors de ne pas l'avoir fait lui-même lors de son premier passage. Une telle prise de conscience souligne notre responsabilité morale après le drame de Saint Étienne-du-Rouvray. Notre foi nous aide à ne pas tomber nous-mêmes dans la haine. Cette vigilance constitue le premier fruit du martyre du Père Hamel dans le contexte des récents attentats islamistes. Pour les chrétiens, elle est aussi l'expression d'une véritable « béatitude » dont l'origine ne peut être que le Christ (10).

Refuser la haine pour promouvoir la paix

Le martyre nous offre aussi de nous interroger sur notre manière de rendre compte « en chrétiens » et devant des publics forcément bouleversés de ce qui nous affecte le plus. Le meilleur hommage à rendre aux Pères Hamel et Machozi est de se garder de toute haine alors même que celle-ci vient nous frapper de près, à travers ceux que nous aimons et au cœur de ce que nous croyons, vivons et célébrons.
Au lendemain du meurtre du Père Hamel, Le Père Emmanuel Pisani op, directeur de l'Institut de Science et de Théologie des Religions à l'Institut catholique de Paris, déclare au journal La Croix « Certes, rester fidèle au Christ, c'est accepter l'épreuve de la croix, mais c'est aussi s'engager de toutes ses forces pour la paix, se défendre contre la malveillance tout en gardant une vigilance contre l'endurcissement du cœur qui peut nous atteindre dans les situations de peur ou de désarroi » (11). De son côté, Mgr Pontier, le président de la Conférence des évêques de France, rappelle aux jeunes rassemblés en Pologne qu'assassiner n'exige aucun courage. À l'inverse, bâtir la fraternité constitue toujours le chemin d'une grande persévérance. « Dans quel camp serez-vous » (12) osait-il les interpeller ?
Quelques jours avant le drame, Mgr Dominique Lebrun s'était rendu à Varsovie pour prier sur la tombe du P. Jerzy Popieluszko. L'évêque du Père Hamel et les jeunes de son diocèse participant aux Journées Mondiales de la Jeunesse se sont recueillis en mémoire de ce prêtre assassiné sous le régime communiste. « Nous avons prié sur sa tombe et les jeunes ont compris ce que veut dire aller jusqu'au bout en refusant la compromission, la violence. Nous sommes ici dans l'atmosphère de la miséricorde, (…) c'est insupportable, mais nous n'allons pas prendre les armes » déclare Mgr Lebrun le jour même où il apprend le drame (13).
Notre tradition voit dans la prière commune un remède capable de désarmer la violence et la haine. Elle l'affirme en dépit des apparences car le Père Hamel a bien été assassiné durant une célébration liturgique. De son côté, le Père Machozi avait lu et commenté l'Évangile de la Passion le matin même de sa mort. La prière demeure la meilleure manière de poursuivre leur témoignage et leur œuvre.

L'amour du Christ et le service de l'homme

Mgr Lebrun reprendra ce double argument de l'apaisement et de la prière lors des funérailles du Père Hamel. Dans son homélie, il situera cette fois la réponse des chrétiens sur un terrain explicitement christologique. « C'est dans notre cœur, dans le secret de notre cœur que nous avons à dire « oui » ou « non » à Jésus, « oui » ou « non » à son chemin de vérité et de paix ; « oui » ou « non » à la victoire de l'amour sur la haine, « oui » ou « non » à sa résurrection » (14).
Lors d'une conférence prononcée à Alger en 2014, le Père Timothy Radcliffe op s'est appuyé sur les paroles de Mgr Claverie, lui aussi assassiné. Pour désarmer les violents et « lutter » à mains nues pour la paix, l'ancien évêque d'Oran évoquait régulièrement l'importance du « martyre blanc » et le témoignage d'une vie ordinaire, donnée au « goutte à goutte » par amour du Christ :
« Nous prions pour qu'aucun d'entre vous ne soit appelé à donner votre vie de cette manière radicale, avec le martyre comme tant l'ont fait en Algérie dans le passé. Mais chacun d'entre nous est appelé à pratiquer ce que Pierre Claverie appelait « le martyre blanc ». Juste avant sa mort, il disait :
"Le martyre blanc est la lutte que chacun livre pour vivre chaque jour, le don de la vie goutte à goutte – dans un regard, une présence, un sourire, un geste d'intérêt, un service, dans toutes ces choses qui font de la vie une vie partagée, donnée, livrée aux autres. C'est là où l'ouverture et le détachement prennent le sens de martyre, d'immolation – en livrant sa vie" » (15).
Le martyre constitue un signe d'amour, une volonté de fraternité et de service face à la mort qui gronde. Il est un témoignage rendu à un Dieu qui prend soin de l'homme jusque dans ses peurs et ses fragilités. L'amour divin nous a été révélé par le Christ à la veille de sa mort lorsqu'il se met à laver les pieds de ses disciples (Jn 13, 1 – 17). Le service mutuel est l'acte de naissance de nos communautés mais aussi un signe capable de nous conduire à la béatitude : « Sachant cela, vous serez heureux si du moins vous le mettez en pratique » (16).

Le courage du martyr est de bâtir la communion

Le courage est un élément essentiel au martyre. Ce courage est rendu à la « vérité de la foi » et témoigne d'une « vie de foi » dans une Église à la fois missionnaire et confessante mais aussi fraternelle et diaconale (17).
Dans un monde traversé par les violences, l'Église a plus que jamais besoin de témoins courageux en actes et en paroles (18). Ce courage consiste à rendre la communion possible en rejoignant ceux qui sont les plus exposés à la violence du monde. Devant cette violence – d'où qu'elle vienne – les chrétiens devront aussi en rechercher les causes et s'interroger sur les frustrations profondes qu'elle manifeste.
Cette recherche de communion porte les germes la paix et l'avènement du Royaume. Le royaume passe ici et maintenant par la construction patiente et persévérante d'un monde plus fraternel et habitable par tous. Dans l'un de ses rares écrits, le Père Vincent Machozi avait réaffirmé cette conviction : « C'est la coalition des gens épris de paix qu'on trouve dans chaque ethnie, chaque pays qui constitue le moyen de la coexistence pacifique entre les peuples et l'arme efficace contre la violence ethnique, la violence politique, etc » (19). « Heureux » ces artisans de paix car ils répandent le bonheur autour d'eux et parce qu'ils iront jusqu'à la résolution de conflits qui nous dépassent aujourd'hui.
En guise de conclusion, restons sur nos deux témoins de la foi et évoquons les vertus théologales et cardinales dont nous avons besoin lorsque les temps nous semblent incertains .

Le P. Hamel : une vie silencieusement donnée dans la discrétion de la charité

Des millions de personnes ont jugé insupportable le fait de s'attaquer à un prêtre aîné sans défense et dans son église alors qu'il célébrait l'Eucharistie. À travers le choix de la personne, du moment et des lieux ; les meurtriers s'en sont pris à la mission de l'Église et probablement à l'identité judéo-chrétienne de notre civilisation occidentale. Pour autant, ce type de commentaire ne suffit pas à rendre compte du drame et de son impact planétaire. Le seul fait de mourir sous le coup de la haine de la foi est d'ailleurs insuffisant au regard de la tradition de l'Église pour déclarer le martyre. En effet, la Constitution dogmatique sur l'Église nous invite à considérer le martyre comme « la preuve suprême de la charité » (20).
Le contraste est grand entre la force spirituelle du vieux prêtre et la déviance « religieuse » de ses jeunes agresseurs. Cet écart ne se comprend qu'à la lumière d'une vie déjà donnée à Dieu et pour les autres. Vue ainsi, la mort du Père Jacques Hamel ne s'ajoute pas aux 84 morts de l'attentat de Nice même si elle en a réveillé la terrible douleur. L'humilité, la discrétion et une longue fidélité dans le ministère ordonné apportent une dimension supplémentaire à sa mort. Cette dimension est celle de la charité. D'après les témoignages, la foi du Père Hamel était capable de faire grandir l'homme dans ce qu'il a de meilleur et non pas de pire en lui. Ceci marque son martyre d'une différence essentielle si on le compare au pseudo « martyre » de ses assaillants : la foi se reconnaît aux gestes d'amour qu'elle suscite et dans son attention aux autres.
Le service et l'amour du prochain constituent un rempart bien fragile, mais ô combien nécessaire aujourd'hui, contre la haine qui peut envahir le cœur de l'homme et gâcher la vie de jeunes gens radicalisés. À travers le Père Hamel, le service et l'amour témoignent de la force de l'Esprit Saint et du pouvoir transformateur des vertus théologales (foi, charité et espérance) dans une vie discrètement mais patiemment livrée.

Le P. Machozi : un combat médiatique contre l'injustice et un silence mortifère

Les dernières années de la vie du Père Machozi furent une lutte incessante contre une guerre scandaleuse qui ne dit même plus son nom. Cette guerre a déjà fait plusieurs millions de morts et continue encore aujourd'hui à tuer au nord-est de la RDC (Nord et Sud Kivu). Confronté à une telle situation, le Père Vincent fit un choix courageux ; celui de briser le silence. Dans notre tradition chrétienne, le courage (ou la force) est lié aux trois autres vertus cardinales : la prudence, la tempérance et la justice.
La prudence n'est pas la vertu du timoré. Elle n'est pas la pusillanimité de celui qui, après avoir mesuré les risques encourus, s'éclipserait rapidement devant le danger. Dans la pensée de Thomas d'Aquin, la prudence est une vertu intellectuelle. Une vertu morale stimule notre volonté pour nous pousser à bien agir. Mais la prudence est la vertu de celui qui reconnaît la nécessité de penser la stratégie de son action. Le Père Vincent a été prudent dans le sens où il avait accepté de se former longuement au rôle qui deviendrait le sien en RDC. Il s'est aussi montré prudent en réfléchissant régulièrement avec les commissions Justice et Paix de son diocèse et les associations partenaires. Sa prudence consistait aussi à s'informer des réalités sur le terrain en rencontrant inlassablement les représentants de la société civile. Enfin, il a été prudent en recherchant les moyens les plus efficaces pour dénoncer l'inacceptable.
Sa tempérance était d'accepter l'humble travail de recueil et de diffusion des informations collectées, de mettre les victimes au centre de son action et non pas lui-même. Enfin son combat était celui de la justice, une « vertu universelle » qui affirme au cœur de sa propre culture Yira, le caractère sacré de toute vie.

Conclusion

La figure du martyre s'offre à nous pour nous apprendre à mieux discerner, aimer et servir lorsque les temps deviennent plus difficiles pour la foi ou pour la vie de foi. Les martyrs posent des actes extraordinaires, marqués par le courage et la persévérance. Le don de leur vie nous offre d'y voir plus clair dans notre propre foi et l'engagement du Christ à nos côtés dans le quotidien de nos existences.
La générosité discrète et silencieuse du Père Hamel ou la surexposition médiatique du Père Machozi – cette réalité s'est inversée après leur mort – nous "fait signe". Aujourd'hui, nous devenons les interprètes de ce qu'ils ont affirmé jusqu'à la mort sans l'avoir recherchée. Espérons que leur vie donnée fasse aussi de nous des « martyrs » ; des veilleurs ; des témoins actifs de l'amour de Dieu et du service de l'homme qu'ils ont vécus jusqu'au bout. Au-delà de leur mort, nous pouvons les rejoindre et confirmer ainsi l'importance de la fraternité qu'ils ont défendue et célébrée à travers leur ministère ordonné.
Les « martyrs de la foi » nous réinterrogent sur notre propre témoignage chrétien. En passant à l'acte et en offrant leur propre vie, ils nous offrent leur propre espérance pour le monde actuel. L'espérance chrétienne ne consiste pas seulement à désirer quelque chose – fut-ce la libération et la justice pour tout un peuple – mais plus encore à espérer quelqu'un ; le Christ mort et Ressuscité pour nous, afin que nous ayons la Vie et que nous l'ayons en abondance (Jn 10, 10).

(*) Prêtres diocésains n. 1532 de janvier 2017 ; n. 1533 de février 2017. Titre et note (a) de La DC.

(1) Dans le Journal La Croix daté du 19 mai 2016, le journaliste Laurent Larchet écrit : « Enfants, femmes enceintes, vieillards… personne n'est épargné. Les corps sont démantelés comme des pièces de boucher. Ces massacres sont documentés, les images qui en témoignent sont épouvantables. Trois localités sont plus fréquemment touchées : Mbau, chef-lieu du secteur Beni-Mbau ; Kamango, dans la chefferie des Watalinga, plus à l'est ; et Eringeti, au nord de Mbau. Ces tueries auraient fait entre 500 et 1 000 morts, selon les sources et les témoignages. ». Il est possible de consulter le site internet Beni Lubero créé par le Père Vincent Machozi http://benilubero.com/ainsi que l'article de Art Jahnke « Machozi's Calling » sur le site de Boston University
https ://www.bu.edu/bostonia/fall16/vincent-machozi-congo-machozis-calling/
(2) TRP Benoît Grière dans sa Lettre à la congrégation datée du 22 mars 2016.
(3) « La communauté assomptionniste existe pour l'avènement du Royaume. L'esprit du fondateur nous pousse à faire nôtres les grandes causes de Dieu et de l'homme, à nous porter là où Dieu est menacé dans l'homme et l'homme menacé comme image de Dieu. Nous avons à faire preuve d'audace, d'initiative et de désintéressement, dans la fidélité à l'enseignement et aux orientations de l'Église. C'est notre manière de participer à sa vie et à sa mission. » Règle de Vie de la Congrégation des Augustins de l'Assomption, N. 4. Rome, 1983.
(4) Catéchisme de l'Église Catholique N ° 2473 : « Le martyre est le suprême témoignage rendu à la vérité de la foi ; il désigne un témoignage qui va jusqu'à la mort. Le martyr rend témoignage au Christ, mort et ressuscité, auquel il est uni par la charité. Il rend témoignage à la vérité de la foi et de la doctrine chrétienne. Il supporte la mort par un acte de force (…). »
(5) Thomas d'Aquin Somme Théologique IIaIIae, les Q.80 et 85 distinguent le sacrifice intérieur c'est-à-dire une offrande de sa vie à Dieu (le plus important), le sacrifice extérieur rituel et le sacrifice extérieur moral qui est un acte bon offert en hommage à Dieu.
(6) Albert Rouet, J'aimerais vous dire, Entretien avec Dennis Gira. Paris, Bayard, 2009, pp. 153-154. Ce livre est un véritable testament spirituel, aux pp. 153-154.
(7) Oraison tirée du commun de plusieurs martyrs » dans Prière du Temps Présent, p. 1483.
(8) Extrait de l'homélie du pape François le 14 septembre 2016.
(9) Ibid.
(10) cf. Daniel Sesboüé « Le Sermon sur la montagne selon Saint Matthieu » Prêtres Diocésains, n. 1505, mars 2014, p. 132-133.
(11) Journal La Croix daté du mercredi 27 Juillet 2016, p. 3.
(12) Ibid.
(13) Ibid., p. 4.
(14) Extrait de l'homélie de Mgr Dominique Lebrun lors des obsèques du P. Jacques Hamel célébrées le mardi 2 août à la cathédrale de Rouen ; DC 2016, n. 2524, p. 18-19.
(15) Cité par Jean-Jacques Pérennès dans son livre sur Pierre Claverie, Un Algérien par alliance, coll. « L'histoire à vif », Cerf, Paris, 2000, ch. 12, section « Il n'y a pas de plus grand amour… ».
(16) TOB, Jn 13, 17.
(17) Étienne Grieu, « Pourquoi parler de diaconie ? » Études 4143, mars 2011, p. 353-363.
(18) Catéchisme de l'Église catholique, n. 2506 : « Le chrétien n'a pas à "rougir de rendre témoignage au Seigneur" (2 Tm 1 : 8) en acte et en parole. Le martyre est le suprême témoignage rendu à la vérité de la foi ».
(19) Inédit, conférence prononcée à Beni le 12 août 2015, « La culture Yira comme instrument de cohabitation pacifique entre peuples », Archives des Augustins de l'Assomption de la Province d'Afrique, Butembo, RDC.
(20) Lumen Gentium, Constitution dogmatique sur l'Église, 21 novembre 1964, n. 42 : « (…) le martyre dans lequel le disciple est assimilé à son maître, acceptant librement la mort pour le salut du monde, et dans lequel il devient semblable à lui dans l'effusion de son sang, est considéré par l'Église comme une grâce éminente et la preuve suprême de la charité ».

(a) Dossier « Le christianisme face aux violences », DC 2016, n. 2524, p. 5 à 38.